Les populations des territoires isolés de Shabunda et Fizi (Sud Kivu) sont confrontées aujourd’hui à des besoins humanitaires particulièrement urgents. Or, les interventions humanitaires dans ces territoires se heurtent à un obstacle principal : l’enclavement des territoires.
Isolées et à l’écart de l’aide humanitaire depuis presque un an du fait de la dégradation des routes, les populations des axes Ngolombe-Kigulube (territoire de Shabunda) et Lulimba-Nyange (territoire de Fizi) ont retrouvé espoir : l’accès à ces territoire est aujourd’hui rétabli, suite à la réhabilitation de routes par ACTED avec l’appui du Fonds Humanitaire RDC.
La plupart des organisations intervenant dans les territoires de Fizi et Shabunda voient leurs activités ralenties ou stoppées à cause de l’état des infrastructures routières, qui, impraticables, les empêchent de se rendre auprès de populations pourtant dans le besoin d’une aide humanitaire d’urgence. L’absence d’aide humanitaire se traduit par une détérioration des conditions socio-économiques des habitants alors que leurs revenus sont déjà faibles, dans des zones où les produits de première nécessité coûtent cher.
Pour y faire face, ACTED, en accord avec le cluster logistique sur place, a réhabilité les tronçons routiers Ngolombe-Kigulube et Lulimba-Nyange, contribuant à renforcer les capacités de réponse d’urgence des acteurs humanitaires dans ces deux territoires.
Dans le territoire de Shabunda, les routes étaient difficilement praticables, et uniquement en moto ou à pieds. Suite à l’absence de marchés et de routes de desserte, et face à l’insécurité, les populations de la zone ont peu à peu abandonné l’agriculture, jadis principale source de revenu, au profit d’activités alternatives comme l’artisanat minier. Les marchandises de première nécessité ne parvenaient alors que jusqu’à la ville de Ngolombe, soit à une quarantaine de kilomètres du village de Kigulube, dans les territoires enclavés, vers lequel elles étaient acheminées à pieds. En conséquence, dans ces villages enclavés, les biens de première nécessité sont rares, et leur prix exorbitants.
Avant les travaux, il fallait neuf heures de route pour parcourir 36 kilomètres, la plupart du temps à pieds ou au mieux à moto. Depuis les travaux, le même trajet se parcourt en deux heures seulement, avec une nouvelle route praticable pour les véhicules à quatre roues.
Pour faciliter le passage de véhicules de Ngolombe à Kigulube, ACTED a réhabilité de nombreux ouvrages, parmi lesquels bourbiers, ravines et nids de de poule, et a construit plusieurs ponts. Mukamba fait régulièrement le taxi-moto sur la route entre Isezya et Kigulube. Il raconte ses longs périples pour rejoindre ces villages reculés : neuf heures de route pour parcourir 36 kilomètres, et des passagers souvent contraints de poursuivre le chemin à pieds. Aujourd’hui, on arrive à Kigulube en deux heures seulement, par une route accessible aux véhicules à quatre roues.
Ces ouvrages ont été réhabilités grâce à l’approche des chantiers dits « à haute intensité de main d’œuvre », une modalité qui permet de recruter la main d’œuvre nécessaire directement dans les villages d’intervention, et donc de réinjecter des sommes d’argent au sein des communautés, en tenant compte des critères de vulnérabilité. Ainsi, 1293 personnes ont travaillé à la réhabilitation de la route comme travailleurs journaliers. Avec ce salaire temporaire, les familles peuvent subvenir à leurs besoins de base. Certains ont développé leur activité et développé leur revenu, d’autres ont payé les frais de scolarité de leurs enfants ou des frais de santé. C’est le cas de Faida, mère de six enfants et membres des équipes de réhabilitation d’ouvrages à Isezya, un exemple de réussite, grâce au caractère participatif de l’intervention.