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Kenya : inclure les réfugiés non enregistrés dans l’équation financière

En 2017, le Kenya a lancé son programme de rapatriement volontaire des réfugiés, ce qui a permis à plus de  85 000 réfugiés somaliens de retourner dans leur pays d’origine. La récente sécheresse a cependant poussé de nombreux rapatriés à revenir au Kenya, à la recherche d’une aide humanitaire. Alors que le nombre de réfugiés augmente et que la Corne de l’Afrique connait une cinquième mauvaise saison des pluies consécutive, la dissolution du Département des affaires des réfugiés du Kenya a retardé l’enregistrement de ceux-ci. Les personnes qui n’ont pas été enregistrées auparavant n’ont pas obtenu le statut de réfugié et n’ont donc qu’un accès limité à l’aide humanitaire.

Depuis plus de trois décennies, la Somalie fait face à des troubles civils et à l’insécurité, ce qui a entraîné la migration forcée de centaines de milliers de ses citoyens, vers des régions plus paisibles du pays, ou vers les pays voisins. La plupart des migrants sont exposés à un risque élevé d’abus sexuels, d’agressions et de violences, et ont un accès très limité aux nécessités de la vie.

Créé en 1991, le camp de réfugiés de Dadaab était l’un des plus grands sites de déplacés internes du Kenya. Il est également devenu le lieu d’installation de la plupart des personnes contraintes de fuir la Somalie. En 2022, Dadaab a accueilli plus de 233 000 réfugiés et demandeurs d’asile, principalement originaires de Somalie. Dadaab abrite trois camps, Dagahaley, Hagadera et Ifo, couvrant une superficie de 50 kilomètres carrés.

 

Le forum inter-agences de Dadaab prévoit près de 66 000 nouvelles arrivées en 2023, un chiffre qui inclut également les réfugiés sans papiers.

Traverser les frontières pour bénéficier de l'aide humanitaire

Zamzam* est l’un des nombreux demandeurs d’asile somaliens qui ont traversé la frontière depuis la région du Bas-Jubba en Somalie, et qui vivent désormais dans le complexe de réfugiés de Dadaab, dans le comté de Garissa, au Kenya.

Elle a quitté sa maison il y a huit ans, en raison du conflit causé par les milices armées et du manque de nourriture, exacerbé par la sécheresse qui a ravagé la Corne de l’Afrique.

Lorsqu’elle est partie, son mari est resté derrière elle. Elle n’a plus de nouvelles de lui depuis. Elle pense qu’il a peut-être été victime d’une attaque terroriste alors qu’il poursuivait ses activités quotidiennes en Somalie.

Zamzam et ses sept enfants vivent dans le camp de Hagadera, dans une maison en terre d’une seule pièce, avec à peine assez d’espace pour se coucher la nuit.

Une deuxième chance pour obtenir des moyens de subsistance

Le Kenya Cash Consortium, financé par l’Union européenne, et piloté par ACTED et le Réseau Humanitaire ASAL, en partenariat avec les initiatives d’IMPACT et Relief Reconstruction and Development Organization (RRDO), a fourni à des milliers de réfugiés non enregistrés comme Zamzam, de l’argent en espèces, pour subvenir à leurs besoins fondamentaux en période de crise.

Zamzam fait partie des 1 055 familles de réfugiés non enregistrées dans le camp de Dadaab, qui ont reçu six séries d’argent en espèces, destinées à de multiples usages. Elle a été identifiée lors d’une évaluation menée par RRDO, qui cherche à identifier les demandeurs d’asile les plus vulnérables, qui ne reçoivent pas d’aide humanitaire régulière. Zamzam a pu bénéficier d’une allocation mensuelle en espèces de 48 dollars.

Elle a utilisé une partie de l’argent qu’elle a reçu pour couvrir les besoins quotidiens de sa famille, notamment la nourriture et les médicaments. Elle a économisé le reste pour investir dans une entreprise.

Avant de recevoir l’aide financière, son fils de 10 ans passait jusqu’à six heures par jour à vendre des œufs sur un marché local, pour gagner un revenu supplémentaire pour la famille.

Je n'ai jamais pensé que je pourrais recevoir une aide financière pour subvenir aux besoins de ma famille

Zamzam

Ce projet financé par l’UE est le seul à fournir de l’argent en espèces aux réfugiés non enregistrés dans les camps de Dadaab. L’aide en espèces permet aux bénéficiaires d’obtenir un pouvoir d’achat économique, ce qui permet aux familles de le dépenser pour leurs besoins les plus vitaux comme la nourriture et les médicaments.

Avec les prévisions d’une sixième mauvaise saison des pluies en Somalie, les déplacements transfrontaliers vers le Kenya vont augmenter, ce qui nécessitera une intensification de la réponse d’urgence pour 2023.

*Le nom du bénéficiaire a été modifié à des fins de protection.