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Sécheresse dans la Corne de l’Afrique : le pénible chemin vers l’assistance pour les réfugiés non enregistrés de Dadaab, Kenya

Le Kenya Cash Consortium, financé par l'Union Européenne, piloté par ACTED et le Réseau Humanitaire ASAL, a fourni à des milliers de réfugiés non enregistrés de la monnaie en espèces, pour subvenir à leurs besoins de base, dans un contexte de crise.

En 2016, le gouvernement kényan a annoncé qu’il n’accueillerait plus de réfugiés et qu’il dissoudrait son Département des affaires des réfugiés, qui assurait l’enregistrement des réfugiés. Depuis 2016, l’arrivée de réfugiés non enregistrés n’a cessé d’augmenter. Ne bénéficiant pas du statut de réfugié, ces personnes sans papiers n’ont droit qu’à une aide humanitaire limitée.

Le Kenya accueille depuis longtemps des réfugiés et des demandeurs d’asile provenant de pays touchés par des conflits, dans les régions du Moyen-Orient, de l’Afrique de l’Est et au-delà. Près de la moitié de ces réfugiés vivent dans l’un des deux principaux camps de réfugiés du pays, celui de Kakuma et celui de Dadaab. Le taux d’afflux de demandeurs d’asile augmente considérablement à la lumière des défis qui s’additionnent : quatrième saison des pluies consécutive ratée, pire sécheresse de ces quarante dernières années en Somalie, lutte contre Al-Shabab et les milices claniques. En janvier 2022, le Kenya accueillait quelque 539 766 [1] réfugiés et demandeurs d’asile dans des camps de réfugiés. Les nouvelles arrivées s’élèvent à présent à 300 personnes par jour. Selon le forum inter-agences de Dadaab, 66 000 nouvelles personnes pourraient arriver entre novembre 2022 et avril 2023.

La principale raison des déplacements : la mort massive du bétail causée par la sécheresse

Aamiina* a bénéficié du projet d’assistance en espèces, destinées à de multiples usages, mis en œuvre dans les trois camps de réfugiés d’Ifo, Dagalhey et Hagardera, dans le sous-comté de Daadab au Kenya. Il y a deux ans, après avoir perdu tout son bétail à cause de la sécheresse qui sévit dans la Corne de l’Afrique, elle a fui la Somalie avec sa famille. Ils vivent désormais dans le camp de réfugiés d’Ifo, à Daadab. Elle est mère célibataire de trois enfants, dont un fils de quatre ans et deux filles de trois ans et huit mois respectivement. N’ayant pas sa propre maison, elle doit vivre avec des membres de sa famille élargie dans le camp.

Pensant aux raisons qui l’ont poussée à fuir la Somalie, elle explique : « Le bétail que nous élevions nous aidait beaucoup à subvenir aux besoins de notre famille. Nous vendions du lait ainsi que des chameaux, des vaches et des chèvres, aux bouchers et dans les marchés. La migration du bétail sur de longues distances à l’intérieur et à l’extérieur de la Somalie a également entraîné la perte de la plupart de mes animaux. Il était difficile et déprimant de compter le nombre de chèvres et de chameaux qui sont morts à cause des maladies, du manque d’eau et de pâturage. » Après avoir perdu tous ses animaux, qui étaient sa principale source de revenus, elle s’est séparée de son mari et est partie au Kenya.

Aamiina raconte les obstacles qu’elle a rencontré pour obtenir l’aide dont elle et ses enfants avaient besoin une fois au Kenya : « Il a été difficile de trouver un abri pour mes enfants étant donné mon statut de sans-papiers. Cela signifie que nous n’avons droit à rien et que nous n’avons pas accès à l’aide accordée aux réfugiés enregistrés. » En effet, en tant que réfugiés sans papiers, ils sont confrontés à un accès limité à l’éducation de base pour les enfants, à l’absence d’un abri adéquat et sont contraints d’être hébergés par leur famille ou d’autres réfugiés. Ils disposent aussi d’un accès limité à un système de santé moderne, tandis qu’ils font face à des conditions sanitaires médiocres dans les camps.

Portrait d'Aamiina : une réfugiée somalienne non enregistrée, vivant dans les camps de Daadab, bénéficiaire de la distribution de monnaie en espèces, octobre 2022.

Aider Aamiina et sa famille à répondre à leurs besoins essentiels

Le Kenya Cash Consortium ; piloté par ACTED et le Réseau Humanitaire ASAL, et en partenariat avec les initiatives d’IMPACT et Relief Reconstruction and Development Organization (RRDO) ; a orienté son aide vers les réfugiés les plus vulnérables comme Amiina. Ensemble, ils ont fourni six cycles de distribution de monnaie en espèces à usages multiples, à 1 055 familles de réfugiés non enregistrées dans les camps de Dadaab, dans le comté de Garissa. Cette intervention, financée par la Direction générale pour la protection civile et les opérations d’aide humanitaire européennes, s’est achevée avec le sixième cycle de 6 927,4 Kenya Shillings (594,90 euros) le 24 octobre 2022.

L’assistance financière polyvalente d’ACTED a permis aux réfugiés comme Aamiina d’avoir la capacité économique d’acheter de la nourriture, des biens, de payer des services tels que les soins médicaux et la scolarisation de ses enfants, lui permettant ainsi de vivre dans la dignité.

Recevoir l'aide en espèces a vraiment atténué les souffrances de ma famille et nous pouvons à présent voir une lumière au bout du tunnel

Aamiina

Ce projet financé par l’Union européenne, mis en œuvre par ACTED et RRDO, est le seul à fournir une assistance sous forme de distribution de monnaie en espèces, aux réfugiés non enregistrés dans les camps de Dadaab. Les prédictions d’une cinquième saison des pluies consécutive ratée et d’une sixième potentielle en Somalie, augurent une évolution croissante du nombre de déplacements transfrontaliers vers le Kenya, nécessitant une réponse d’urgence renforcée pour l’année 2023.

*Le prénom du bénéficiaire a été modifié à des fins de protection.