Sécheresse dans la Corne de l’Afrique: agissons maintenant

L’ampleur de la crise dans la Corne de l’Afrique est sans précédent de mémoire d’être humain et devrait encore s’aggraver. Cinq saisons des pluies consécutives ont échoué provoquant l’augmentation de l’insécurité alimentaire, du risque de famine, du manque d’eau et des déplacements.

Que se passe-t-il ?

La situation dans la Corne de l’Afrique est rude. La sécheresse ravageuse a eu des effets dévastateurs si bien que 36 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire.

La cause ? Le changement climatique. Les saisons pluvieuses étant plus faibles à chaque fois, les sécheresses sont devenues un phénomène plus commun que rare. Elles sont sévères et dure un peu plus longtemps chaque fois.

Pas de pluie signifie que :

  • Les gens ont faim : près de 23 millions de personnes à travers la Somalie, Kenya et l’Ethiopie vivent dans des zones d’insécurité alimentaire, classées IPC 3 « crise », et requièrent une aide alimentaire d’urgence pour survivre ;
  • Les gens ont soif: environ 23,6 millions de personnes ont du mal à avoir accès à une quantité suffisante d’eau pour survivre ;
  • Les gens perdent leurs moyens de subsistance : au moins 9,5 millions de bovins sont morts ;
  • Les gens perdent leurs foyers : plus 2,1 millions de personnes, dont 1,27 millions en Somalie, ont quitté leur foyer en raison de la sécheresse ;
  • Les gens tombent malades : le choléra et la rougeole ont affecté respectivement 13 000 et 23 200 personnes.

Avec cinq saisons des pluies consécutives ayant échoué, les dommages auront des conséquences sur le long-terme pour les générations présentes et futures et ce, même si les prochaines saisons pluvieuses sont abondantes. Néanmoins, notre réponse peut limiter les impacts et changer positivement le futur.

© Mattia Velati pour ACTED

La famine approche

L’ONU s’attend à ce que 26 millions de personnes se trouvent en situation d’insécurité alimentaire d’ici février 2023 à cause de l’échec de la cinquième saison des pluies. Trois millions de personnes supplémentaires auront alors des difficultés à se nourrir à la fin des pluies.

En raison du nombre conséquents de points d’eau asséchés, les familles ont du mal à cuisiner ce qui détériore la qualité de leur nutrition et leur santé. Les taux de malnutrition se sont envolés dans la région avec 5,1 millions d’enfants en Somalie et 2,7 millions en Ethiopie étant sévèrement malnutris dans les zones affectées par la sécheresse.

La Somalie est au bord d’une famine à grande échelle. En effet, la famine est prévue entre octobre et décembre 2022 à Burhakaba et Baidoa, deux régions habitées par des communautés rurales et/ou déplacées. Certaines zones du Kenya et de l’Ethiopie vont aussi probablement entrées dans la catégorie d’insécurité alimentaire IPC 5 « famine ». La situation étant déjà catastrophique, une déclaration de famine serait peu pertinente à moins qu’elle n’entraîne une avalanche de dons et de financements.

Quand la famine est-elle déclarée ?

La famine est déclarée selon trois conditions dans un pays donné si plus de 30% de sa population est malnutrie (1), plus de 2 pour 10 000 personnes meurent chaque jour (2), et que 20% ou plus de la population est en situation d’extrême insécurité alimentaire avec moins de 2 100 calories par jour (3).

Les communautés pastorales risquent de disparaître

Les communautés rurales vivant de l’agriculture et de l’élevage font face à de grandes difficultés pour surmonter la sécheresse. 9,5 millions de bovins sont déjà morts et davantage devraient périr dans les prochains mois en raison de leur état de faiblesse. La vague de mort parmi les bovins représente une perte de 120 millions de litres de lait.

Par conséquent, beaucoup de familles rurales souffrent d’une perte substantielle de revenu. Au Kenya, les estimations montrent que plus de 72 000 foyers pastoraux ont perdu leurs moyens de subsistance. Celles et ceux qui n’ont pas tout perdu doivent parcourir de longues distances à la recherche d’endroits épargnés par la sécheresse, affaiblissant encore le bétail. Leur style de vie est aujourd’hui en danger.

© Mattia Velati pour ACTED

Partir est la seule solution pour beaucoup

La sécheresse a rendu la vie insupportable dans les foyers de 2,3 millions de personnes, dont 1,27 millions seulement en Somalie. Elles n’ont eu d’autres choix que de partir pour pouvoir continuer de travailler et trouver suffisamment d’eau et de nourriture, loin de la sécheresse.

Bien souvent, les communautés déplacées manquent de conditions de vie confortables. L’arrivée successive de centaines de personnes chaque jour rend l’installation de ces dernières difficile. La plupart d’entre elles arrivent avec peu ou aucune de leurs possessions. De plus, les camps n’offrent pas d’intimité à leurs résidentes et résidents, menaçant ainsi la sécurité des femmes et des filles qui se retrouvent surexposer à la violence sexuelle et basée sur le genre.

© Mattia Velati pour ACTED

Un financement humanitaire à grande échelle et une action coordonnée sont toujours nécessaires

On ne s’attend pas à ce que la pâture se régénère ou que quoi que ce soit change mais plutôt que la situation empire.

Jillo Elema, Coordinateur de zone chez ACTED, Kenya

L’ONU estime que plus de 3 millions de dollars américains sont nécessaires pour soutenir les populations impactées par la sécheresse en Somalie, Kenya et Ethiopie. Même si les financements ont été au rendez-vous en 2022 pour répondre à la crise, ils restent insuffisants et trop tardifs pour éradiquer pour de bon le risque de famine. En 2023, des fonds humanitaires sont toujours essentiels pour avoir un impact positif et maintenir les gens en vie. Si une situation de famine est déclarée, il sera déjà trop tard.

Les actrices et acteurs humanitaires doivent éviter de concentrer l’aide sur les zones et populations facilement accessibles. Les communautés les plus affectées par la sécheresse se trouvent dans des zones difficiles d’accès, telles que la campagne ou les zones arides. Les agentes et agents humanitaires doivent donc gérer les risques et cibler efficacement les populations les plus vulnérables et marginalisées.

Si l’aide humanitaire arrive trop tard dans des zones où la sécheresse frappe, alors les gens auront déjà perdu leurs troupeaux et donc leurs moyens de subsistance, et ce sera trop tard

Robert Simpson, Directeur Acted Somalie, dans AfriqueXXI

Ce que nous faisons dans la Corne de l'Afrique

L’aide humanitaire aide à limiter les conséquences de la sécheresse sur le court-terme

Acted a assisté plus de 1,1 millions de personnes à travers la Corne de l’Afrique et continue son action envers les familles et communautés impactées par la sécheresse dans les zones difficiles d’accès. Nos actions ont permis aux plus vulnérables d’avoir accès à de l’aide humanitaire afin de limiter l’insécurité alimentaire et la malnutrition.

Dans un contexte où la majorité de la région se trouve soit en situation d’insécurité alimentaire IPC 3 (« crise »), IPC 4 (« urgence ») ou IPC 5, proche de la famine, Acted fournit de l’aide monétaire polyvalente aux familles les plus vulnérables. Cette forme d’assistance permet de répondre plus rapidement aux besoins humanitaires car les personnes en bénéficiant peuvent acheter les denrées alimentaires dont elles ont le plus besoin sans délais.

L’accès à l’eau potable et propre à la consommation est essentiel pour préserver la santé et la bonne nutrition. Acted restaure des points d’eau comme les puits de forage ou les puits, et construit des infrastructures sanitaires accessibles à tout le monde. Plus de 17 000 personnes dans la Corne de l’Afrique ont pu avoir accès à l’eau, une ressource essentielle en temps de crise. Les kits d’hygiène sont aussi distribués pour prévenir la propagation rapide de maladies.

Afin d’assurer des conditions de vie confortables et sécurisées pour les personnes déplacées, Acted évalue régulière les services et équipements de plusieurs camps qui abritent près de 400 000 personnes. Lorsque cela est nécessaire, les abris et les espaces communs sont réparées et/ou améliorés pour garantir de meilleures conditions de vie. Les résidentes et résidents des camps reçoivent aussi une assistance monétaire pour les aider à répondre à leurs besoins, tandis que les cheffes et chefs communautaires bénéficient d’une formation pour participer à la gestion des camps. Garantir la sûreté des environnements habitables est incontournable pour permettre aux personnes déplacées de maintenir leur dignité et de guérir de leurs traumatismes.

Des solutions durables pour un futur viable

Les sécheresses deviennent la norme plutôt qu’une exception et il est plus que jamais vital de créer et d’investir dans des solutions innovantes. Une fois la crise passée, il est prioritaire de réduire ses impacts sur les mois et années suivants.

A travers son approche holistique THRIVE, Acted travaille à la régénération des sols qui s’érodent avec les sécheresses successives. THRIVE est une approche holistique dont le but est de trouver de nouvelles solutions plus durables grâce à trois piliers qui participent ainsi à renforcer la résilience des communautés rurales : RAVIVER pour régénérer les sols, EMERGER pour intensifier les économies de marché des zones rurales, et INTEGRER pour promouvoir les échanges intercommunautaires entre les économies transfrontalières agro-pastorales.

Jusqu’à maintenant, Acted a soutenu plus de 24 000 familles en Somalie et Somaliland pour accroître leur sécurité alimentaire grâce à la récupération de l’eau, la replantation de pâturage, l’implantation de pépinières et la formation aux pratiques agricoles régénératives. 985 hectares de sols dégradés ont déjà été réhabilités.

Notre campagne #ActNow4HoA sur les réseaux sociaux

LA PRESSE PARLE DE LA SECHERESSE DANS LA CORNE DE L’AFRIQUE

 

Kenya : face à la sécheresse, la vie pastorale en danger

RFI, 22 octobre 2022

Les terres semi-arides et arides au Kenya dépendent économiquement de la production agricole. A Samburu-est, la sécheresse ravageuse met les agricultrices et agriculteurs face à de plus en plus de difficultés pour maintenir la survie de leur famille grâce aux seuls revenus de leurs exploitations agricoles. Leurs conditions de vie se sont détériorées drastiquement, ce qui menace aujourd’hui la préservation de leur style de vie pastoral. Lire.

 

Sécheresse & guerre : le calvaire sans fin des Somaliens

Marianne, 18 novembre 2022

La sécheresse en Somalie survient à un moment difficile pour le pays qui fait face à de multiples crises, parmi lesquelles les conséquences du conflit en Ukraine, l’inflation des prix des denrées alimentaires, la pandémie mondiale de Covid-19 et les attaques de groupes armés. Pour les habitantes et habitants de Baidoa, la situation semble désespérée alors que beaucoup ont perdu des proches et leurs moyens de subsistance à cause de la sécheresse. Seules l’éducation et la régénération des sols semblent être les solutions salvatrices pour le futur des jeunes générations. Lire.

 

Le Kenya vit sa pire sécheresse depuis quarante ans

La Croix, 22 novembre 2022

La sécheresse affecte les conditions de vie de millions de personnes au Kenya, particulièrement dans les communautés rurales. Le bétail et les productions agricoles se sont considérablement réduits et les populations de zones rurales comme Samburu ont des difficultés à survivre au quotidien. Acted aide les communautés impactées par la sécheresse et alerte sur l’éventualité de la disparition du style de vie pastoral dans un futur proche. Lire.

 

Somalie : « On était obligés de fuir », à Baidoa, l’afflux de réfugiés en quête d’aide

RFI, 6 décembre 2022

Le déplacement forcé des populations est l’une des conséquences de la sécheresse en Somalie. De nombreuses familles éprouvant des difficultés à trouver de l’eau et de la nourriture nécessaire à leur survie ont été forcées de fuir et de se réfugier dans les camps de personnes déplacées interne pour trouver de l’aide. Acted travaille dans ces camps et souligne l’importance de trouver des solutions durables pour ces communautés. Lire.

 

Somalie : de Baidoa à Hargeisa, la sécheresse, la famine et la désolation

Le Vif, 15 décembre 2022

Face au choix de rester et tout perdre à cause de la sécheresse ou partir pour échapper aux groupes armés, les communautés pastorales sont parmi les populations les plus vulnérables impactées par la sécheresse. Les quelques agricultrices et agriculteurs à rester ont suffisamment de nourriture pour nourrir seulement leurs familles et bétails, alors que la majorité ont tout perdu, sans autres moyens de subsistance. La désolation volant toute forme d’espoir, Acted appelle les bailleurs à investir dans des solutions innovantes pour répondre à la crise en Somalie et Somaliland. Acted entend aussi promouvoir la résilience en régénérant les sols, protégeant ainsi le style de vie pastoral, malgré la sécheresse. Lire.

Pour aller plus loin

Factsheet

décembre 2022

Notre réponse à la sécheresse au Kenya & Somalie
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Factsheet

septembre 2022

Baidoa and Burhakaba Famine Alert
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Statement

août 2022

Drought situation continues to deteriorate in Kenya
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