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Réduire l’insécurité alimentaire et établir des systèmes de production alimentaire résilients en Somalie et au Somaliland

Dans toute la Somalie et le Somaliland, l'agriculture permet de vivre et de répondre aux besoins alimentaires grâce à la vente des récoltes et au travail agricole. Des pluies inférieures à la moyenne, des inondations périodiques, une récente invasion de criquets pèlerins, une récession économique et la pandémie de COVID-19 ont gravement affecté les méthodes agricoles traditionnelles.

Grâce aux fonds fournis par l’Ambassade de France au Kenya, les partenaires du Consortium Français pour les Urgences (COFRAU) composé d’ACTED, d’Action Contre la Faim (ACF) et du Secours Islamique France (SIF) ont organisé des ateliers de formation communautaire sur le jardinage en permaculture et les intrants agricoles dans les régions d’Awdal, Somaliland, Bakool et Lower Juba en Somalie.

Faire face aux chocs récurrents et à l'insécurité alimentaire

La région d’Awdal est l’une des plus importantes zones agricoles pluviales du Somaliland. Cependant, chaque année, dix tonnes de sol fertile sont perdues par acre en raison de l’érosion éolienne et hydrique dans la région, ce qui entraîne une diminution des possibilités d’emploi et de la production agricole.

La dévastation des fermes et des pâturages par les criquets pèlerins depuis début 2020 a anéanti les cultures et les pâturages dans la région de Bakool en Somalie, affectant les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des familles dans le district de Hudur. Les criquets ont entravé les semailles et la germination des graines. Les familles qui dépendent du travail agricole pour gagner leur vie ont vu leurs revenus diminuer considérablement, ce qui a entraîné une augmentation des niveaux d’endettement. En outre, Kismayo, dans la région de Lower Juba en Somalie, a connu des inondations récurrentes dans l’ensemble du fleuve Juba. Les inondations réduisent la fertilité du sol, car l’eau qui s’écoule à la surface de la terre balaie la couche arable, qui contient des nutriments précieux. Dans ce cas, il devient plus difficile de cultiver les terres, ce qui contribue à l’insécurité alimentaire.

Les chocs récurrents qui affectent les communautés citées ci-dessus ont entraîné un appauvrissement des capacités financières des populations. Cela signifie que de nombreuses personnes ne possèdent plus assez d’argent pour acheter des intrants agricoles, qui leur permettraient de travailler et de subvenir à leurs propres besoins et à ceux de leur famille.

Aider les familles somaliennes et somalilandaises à mettre en place des systèmes de production alimentaire

Pour faire face à l’insécurité alimentaire croissante et établir des systèmes de production alimentaire résilients dans les régions citées ci-dessus, ACTED et SIF ont organisé des ateliers de formation de trois jours sur le permaculture pour 66 femmes et 84 hommes dans les villages d’Awdal et de Kismayo. De plus, le COFRAU et ses partenaires ont distribué sept variétés différentes de semences à 1145 fermiers (488 femmes et 657 hommes) dans les régions d’Awdal, Kismayo et Hudur. Les agriculteurs de ces communautés peuvent désormais faire face au manque de précipitations et à l’insécurité alimentaire car ils peuvent utiliser des techniques de jardinage perméables pour capter et stocker les pluies de la saison des pluies. En outre, ils ont également accès gratuitement à des aliments de saison de bonne qualité.

Distribution de semences agricoles à Magalo-Cad le 05 décembre 2019
Participants à la formation sur les jardins perma le 30 novembre 2019, Magalo-cad, district de Borama.

Les familles ont acquis des connaissances pratiques et à long terme sur la manière d’améliorer leur apport nutritionnel, en apprenant une méthode qui leur permet de diversifier leur alimentation et de cultiver chez elles. Le projet a également grandement amélioré la résilience des communautés vulnérables dans les zones touchées par la sécheresse, en leur enseignant un système agricole différent, plus durable. En effet, ce dernier prévoit et aide à la conservation des sols, ce qui contribue globalement à l’adaptation au changement climatique.

*Le nom du bénéficiaire a été modifié pour des raisons de protection.

Alin Hasan Hirsi est un habitant de 50 ans du district de Magalo-cad Borama. Il est père de six enfants et dépend de ses proches pour son soutien financier, ayant perdu son exploitation à cause des sécheresses et des prix élevés des intrants agricoles.

Il a participé à des formations sur les bonnes pratiques agricoles (BPA) et la permaculture portant sur la récolte de l’eau, la sélection des semences, les méthodes d’irrigation simples, la diversité des cultures et les techniques de potager. Il a également bénéficié des intrants agricoles fournis par ACTED. Il a planté 48 kilogrammes de graines d’ail et a préparé une petite parcelle de terre pour son exploitation. Il dit avoir récolté 375 kilos d’ail, qu’il peut vendre jusqu’à 750 dollars US, ainsi que d’autres cultures comme des carottes ou des pastèques. Cela lui permet de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, tant en termes de revenus que de nourriture.

Son histoire n’est que l’une de celles des 560 personnes qui ont bénéficié du projet REVIVE dans les districts de Magalo-Cad et Magalo-Qalooc Burao, financé par l’ambassade de France au Kenya. Les communautés peuvent désormais utiliser des méthodes agricoles écologiquement saines et économiquement viables. Chacun peut subvenir à ses propres besoins et à ceux de sa famille, sans exploiter ni polluer la nature, c’est pourquoi ces méthodes sont dites durables.