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En Somalie et au Somaliland, l’assistance monétaire polyvalente du COFRAU pour soulager les familles touchées par la sécheresse

Au cours des trois dernières saisons consécutives, la Somalie et le Somaliland ont connu des précipitations inférieures à la moyenne. En conséquence, environ 4,6 millions de Somaliens connaissent une crise de sécurité alimentaire dans 66 des 74 districts. Quant au Somaliland, les acteurs sur le terrain signalent que de nombreuses sources d'eau saisonnières se sont taries et que plus de 1,2 million de personnes devraient être touchées par de graves sécheresses dans les mois à venir.

Grâce aux fonds fournis par l’Ambassade de France au Kenya, les partenaires du Consortium Français pour les Urgences (COFRAU) composé d’ACTED, d’Action Contre la Faim (ACF) et du Secours Islamique France (SIF) ont fourni une aide financière à des centaines de familles. Grâce à trois cycles de transferts d’argent vitaux à Sool, Sanaag, dans l’Etat du Sud-Ouest et au Jubaland, ACTED et ses partenaires ont aidé les personnes qui n’avaient pas les moyens de se nourrir.

La situation dramatique en Somalie et au Somaliland à la suite de chocs multiples

Baidoa, une ville située dans le sud du pays, compte le plus grand nombre de nouvelles arrivées de personnes déplacées à l’intérieur du pays (26%) en Somalie. On estime à 650 000 le nombre de personnes touchées par la sécheresse. Les sécheresses ont eu des effets particulièrement destructeurs sur les récoltes, par conséquent les familles qui dépendent du travail agricole et de la vente des récoltes ont vu leurs revenus considérablement réduits. En plus des pertes de récoltes, les mauvaises conditions physiques du bétail et une production laitière inférieure à la moyenne les ont empêchés de satisfaire leurs besoins alimentaires.

Le Jubaland, une région située dans le sud-ouest de la Somalie, est également l’une des régions les plus touchées par la sécheresse dans le pays, avec près de 30 000 personnes affectées. Ces personnes n’ont pas accès à l’eau potable, à l’assainissement, et ne sont donc pas en mesure de mettre en œuvre de meilleures pratiques d’hygiène. D’autres familles ont rejoint d’autres camps de déplacés existants dans la capitale de la région, Kismayo, exerçant ainsi une pression sur les services sociaux. Par ailleurs, avec 129 760 personnes dans le seul district de Sool, le prix moyen d’un jerrican de 20 litres d’eau a augmenté de 0,2 à 0,6 dollar.

Dans le même temps, à Las ‘Anod, la capitale du Somaliland, les communautés déplacées tombent dans une grave insécurité alimentaire, exposées aux épidémies et à la malnutrition, les populations vulnérables telles que les femmes et les enfants étant touchées de manière disproportionnée.

Personnel d'ACTED mesurant le MUAC d'un enfant de moins de 5 ans à Las'Anod

Aider les ménages vulnérables à satisfaire leurs besoins fondamentaux

Pour aider les familles en difficulté financière et réduire l’impact de la sécheresse, les partenaires du COFRAU ont fourni une aide en espèces et des bons d’alimentation fraîche à 1630 familles à Las’Anod, Kismayo, Erigavo et Baidoa. ACTED, à elle seule, a fourni une aide en espèces à 380 familles, ce qui représente environ 2 280 personnes. Par ailleurs, le COFRAU a donné la priorité aux familles comprenant des femmes enceintes et allaitantes, ainsi que des enfants de moins de 2 ans et des enfants souffrant de malnutrition. Le but de cette opération était d’améliorer à la fois l’accès à la nourriture et le pouvoir d’achat de ces familles, en mettant l’accent sur les catégories les plus vulnérables de la population.

Bien que l’intervention n’ait pas visé à couvrir tous les besoins des communautés, elle a eu un impact positif sur la nutrition, la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance. De nombreuses familles ont pu utiliser l’aide en espèces pour améliorer d’abord leurs besoins immédiats, comme la nourriture, les abris de base, les soins de santé primaires ou d’urgence. Elles ont ensuite pris en charge d’autres besoins, comme les investissements dans les moyens de subsistance, les soins de santé secondaires et tertiaires ou les biens moins essentiels. En bref, l’intervention a permis aux personnes les plus vulnérables de satisfaire leurs besoins essentiels, tout en augmentant leur pouvoir d’achat.

*Pour des raisons de protection, le nom du bénéficiaire a été modifié.

Raha Ahmed Muse, 28 ans, est mère de trois enfants de moins de deux ans, dont deux jumeaux. Malgré son héritage oromo, Las’Anod est désormais son foyer. Elle fait partie des milliers d’Oromia qui ont fui la frontière éthiopienne vers le Somaliland en 2019.

Son mari était le soutien de leur famille, mais il n’a récemment plus été en mesure de travailler. L’allaitement avec des jumeaux a été un défi pour elle, car elle n’avait pas les moyens de nourrir suffisamment sa famille et souffrait elle-même de malnutrition. Elle a reçu 85 dollars en août 2022. Elle a déclaré qu’elle n’avait pas du tout eu à se soucier de la nourriture le mois précédent, car grâce à cette aide en espèces elle a pu acheter des produits de base pour sa maison, comme du lait.

Raha Ahmed Muse, bénéficiaie du projet à Las'Anod

Son histoire n’est qu’une de celle des centaines de personnes qui ont reçu une aide d’ACTED et de ses partenaires, grâce aux fonds fournis par l’Ambassade de France au Kenya et en Somalie. Des centaines de milliers de personnes en Somalie ont vu leur vie affectée par la sécheresse. Il est donc essentiel d’assurer un accès équitable aux services de base ainsi que la protection des populations déplacées déjà vulnérables. Les transferts d’argent liquide ont été utilisés dans ce projet car ils sont plus polyvalents : ils donnent aux bénéficiaires à la fois la liberté et un pouvoir d’achat suffisant pour prendre en charge leurs besoins essentiels et ceux de leur famille.