Depuis 2014, le site de transit de Gaoui, à 10 kilomètres de N’Djaména, accueille les réfugiés et retournés tchadiens ayant fui la République centrafricaine.
Depuis mars 2017, avec le soutien du département d’aide humanitaire et de protection civile de la Commission européenne (ECHO), ACTED y est mobilisée pour la réinsertion socio-économique de ces retournés.
Mariam, 37 ans, est née en République centrafricaine de parents tchadiens originaires de Salamat, dans l’est du Tchad. La première fois qu’elle a vu le Tchad, c’était pour y marier sa fille. Elle ne pensait pas alors que trois ans plus tard, en 2013, elle y retournerait pour, cette fois, y trouver refuge. De Bangui, elle ne garde pourtant qu’un bon souvenir. Ses ventes de farine de manioc lui permettaient de mener une vie confortable. Grâce à leurs économies, Mariam et son mari avaient pu acheter une concession sur laquelle ils avaient fait construire une grande maison. Lorsque les violences ont éclaté en 2013, Mariam et sa famille se sont d’abord réfugiés dans la mosquée du quartier, avec leur voisinage. La famille a ensuite pu accéder à l’ambassade du Tchad, où ils ont séjourné une vingtaine de jours avant d’être évacués vers la capitale tchadienne, N’Djaména.
Arrivée au Tchad, Mariam a d’abord été hébergée trois mois au centre social Arazaï, avant d’être transférée à Gaoui. Sur place, elle a découvert sa nouvelle adresse, où elle serait restée pour les quatre prochaines années : site de Gaoui, bloc 1, tente 21. Pour seul réconfort, elle y a retrouvé ses anciens voisins de Bangui, retrouvant ainsi une communauté unie, lien qui l’a aidée à faire face aux difficultés du quotidien.
Les mois ont passé, sans réelle perspective de réinsertion dans la société tchadienne. Peu à peu, les aides ont commencé à diminuer. Mariam n’a pas baissé les bras, s’efforçant au quotidien de trouver des solutions pour subvenir aux besoins de sa famille.
Tous les matins, elle se rendait au moulin dès 6h pour y moudre des haricots pour en faire des kossés (beignets) qu’elle vendait au marché, aidée par ses enfants dès leur retour de l’école. Son objectif : épargner autant que possible pour quitter Gaoui et élever ses enfants dans un environnement meilleur.
Dans l’espoir de quitter Gaoui, Mariam a été l’une des premières à s’inscrire auprès d’ACTED pour bénéficier d’un soutien à la réinsertion socio-économique à N’Djaména. Dans le cadre de ce projet, ACTED a apporté un appui à l’accès à un logement et à des opportunités économiques, avec des activités d’argent contre travail notamment.
Mariam a finalement trouvé un logement qui lui convenait au bout d’une quinzaine de jours. Après les visites de contrôle et la signature du contrat de location, ACTED a payé les trois premiers mois de loyer directement au propriétaire, et a transféré le même montant à Mariam afin qu’elle effectue elle-même le paiement pour les trois mois suivants, suivant une logique d’autonomisation progressive. Elle a ainsi quitté la tente 21 du bloc 1, et a pu s’installer dès juillet 2017 dans son nouveau logement avec sa mère, ses enfants et son petit-fils.
Mariam a rejoint un groupe de travail, avec lequel elle participe aujourd’hui aux activités d’argent contre travail proposées par ACTED afin d’avoir un complément de revenu et payer les équipements nécessaires pour sa nouvelle maison et ses dépenses alimentaires.
Ces activités sont vouées à réhabiliter des lieux de vie commune dans les quartiers de N’Djaména, par exemple en débroussaillant des cours d’écoles, ou en nettoyant des canaux. Mariam s’attendait à des difficultés d’intégration au sein des communautés des quartiers de N’Djaména. Cependant, ses craintes se sont rapidement évanouies : ces activités d’intérêt général ont contribué à créer du lien social, et à l’intégrer.
Mariam a également pu bénéficier d’un appui pour lancer une activité économique sur le long terme. Après avoir participé à des formations, elle a élaboré son plan d’affaires sur la vente de produits alimentaires transformés, comme les kossés et les spaghettis au piment. Le soutien financier d’ACTED lui a permis d’acheter le matériel nécessaire, dont une machine à faire des spaghettis et un moulin pour les haricots, ainsi que les ingrédients de base pour ses préparations et les quantités nécessaires à une production en grande quantité.
Depuis, elle vend ses produits au marché à N’Djaména. Avec ses collègues du groupe de travail, elle participe à un système de caisse commune qui leur permet d’épargner collectivement et de pouvoir soutenir chaque membre individuel en cas de difficultés.
Avec son épargne, Mariam souhaite à l’avenir pouvoir acheter son propre terrain et y construire une maison, comme elle l’avait fait à Bangui.
Ce document couvre les activités d’aide humanitaire mises en œuvre avec l’aide financière de l’Union européenne. Les opinions exprimées ici ne devraient pas être prises pour refléter l’opinion officielle de l’Union européenne et la Commission européenne n’est pas responsable de l’utilisation éventuelle des informations qu’elle contient.