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Explosions à Beyrouth : tout reconstruire

Près de six mois après la double explosion dans le port de la capitale libanaise, on peut encore voir les tentes improvisées des organisations humanitaires qui se sont installées au lendemain de la catastrophe.

Six mois plus tard, les familles vulnérables continuent de s’y rendre pour recevoir de la nourriture ou de quoi renforcer leur abri.

En raison de la crise financière, l’état pourrait supprimer les aides dès février 2021. Beaucoup s’inquiètent de savoir s’ils auront de quoi manger, de l’électricité, des médicaments.

Nos équipes ont rencontré des habitants de Beyrouth. Ils témoignent de ce qu’ils ont vécu et de comment ils affrontent la reconstruction, malgré les nombreuses difficultés.

300,000
personnes ont été déplacées suite aux explosions du 4 août 2020

« Le bruit de l’explosion était si intense, qu'au début on pensait que la base militaire derrière notre immeuble avait été bombardée »,

Maya, résidente du quartier de Mar Mikhail.

Maya

« Nos fenêtres ont explosé. On avait peur que le bâtiment s’effondre sous nos pieds, on est descendus et on a attendu dehors avec les autres voisins. Heureusement, on n’a eu que des blessures légères ».

Au moment de l’explosion, Maya était chez ses parents. Son frère se trouvait à Gemmayze, l’un des quartiers les plus touchés. « C’est un survivant », ajoute Maya.

Maya voulait partir s’installer en Arménie, mais, à cours de ressources et avec le conflit qui a éclaté en Arménie, elle a dû revoir ses projets. « Ici au Liban, on survit ».

Maya vit avec ses parents et son frère depuis le début de la pandémie de Covid-19 qui a mis la planète en quarantaine. Le Liban traversait déjà une crise économique, la pandémie a été le coup de grâce. Depuis, Maya a perdu son emploi.

Après les explosions, Maya et sa famille ont reçu de l’aide de plusieurs organisations et associations. ACTED les a aidés à réhabiliter leur logement, notamment en réparant les carreaux cassés des fenêtre et d’autres dommages structurels. « Heureusement qu’on nous a aidé, car seuls, nous n’en avions pas les moyens. Il pleuvait à l’intérieur, et l’hiver arrive ».

 

 

Nour

Au moment de l’explosion, Nour était chez elle, avec sa famille. Les projections de verres brisés ont blessé sa belle-fille et son petit-fils, qui ont dû être conduits à l’hôpital. Nour est restée avec sa sœur, qui ne peut pas marcher à cause d’un handicap. Au milieu des gravats et des morceaux de verre, il leur était impossible de bouger en fauteuil roulant.

Pendant deux semaines, Nour et ses voisins ont partagé un seul et même salon. Le mur qui séparait son appartement de celui de ses voisins s’est effondré au moment de l’explosion. « On a eu de la chance… ça aurait pu tomber sur nous, avec des conséquences bien plus grave. »

Suite à l’intervention d’ACTED, le mur a pu être rebâti assez rapidement. L’ONG s’est également attelée à remplacer les cadres des portes et des fenêtres, ainsi que la tuyauterie. Les équipes ont également installé des rampes pour faciliter les déplacements de la sœur de Nour, en fauteil roulant, et ont repeint l’appartement. « J’espère que bientôt, notre maison et notre vie reviendront à la normale… ».

Ahmad

« Si on avait été ici, nous serions morts », raconte Ahmad.

Avec sa famille, ils avaient quitté Beyrouth une heure avant l’explosion qui a soufflé leur plafond et leurs fenêtres. Ahmad et sa famille ont eu beaucoup de chance. Mais la perte de sa maison et des tous les souvenirs qu’elle abritait ont beaucoup affecté Ahmad. « Notre famille vivait ici depuis deux générations, j’y ai passé toute ma vie ». Les décombres, la poussières et les éclats de verre ne font que raviver la douleur du récent décès de sa mère, avec laquelle il a partagé cet appartement aujourd’hui détruit.

De nombreuses organisations ont aidé Ahmad à effectuer les travaux nécessaires pour remettre son appartement en état. ACTED s’est occupée de la salle de bain, de la cuisine et des portes.

Ahmad est acteur. Tout le secteur du spectacle et de la culture a pâti des conséquences de la crise économique et sanitaire. Malgré tout, Ahmad essaye de rester optimiste. « On espère pouvoir bientôt reprendre une vie normale ».

Sara

« Nous vivions au premier étage d’un immeuble de six étages qui s’est effondré suite aux explosions. Je ne sais pas comment j’ai survécu », raconte Sara.

Sara vit au cœur du quartier de Mar Mikhail avec ses parents. Le jour de l’explosion, elle était au travail, dans le quartier d’Achrafieh. Elle a du mal à évoquer ce souvenir douloureux. Le moment le plus dur pour elle a été quand elle est arrivée chez elle et a trouvé sa mère couverte de sang. Aujourd’hui, heureusement, elle va bien. Sara a reçu l’aide de quatre organisations pour reconstruire les murs, remplacer les vitres, les portes, et réparer les meubles. ACTED s’est occupée de l’électricité, des portes et de la peinture.

Sara travaille dans un magasin de luminaires qui a subi de gros dégâts. Tout a été détruit, et aujourd’hui l’entreprise est en grande difficulté. Pour l’instant, elle ne peut pas reprendre le travail, comme beaucoup de ses collègues.

Elle espère pouvoir retrouver bientôt ses parents, qui se sont installés ailleurs en attendant que leur appartement soit à nouveau habitable.

 

Depuis le mois d’août, les ingénieurs d’ACTED ont expertisé 458 logements pour garantir la sécurité et la conformité à l’usage pour l’habitation, et ont fourni des recommandations quant aux travaux de réparation et réhabilitation nécessaires. Les travaux ont été achevés dans 278 logements et sont toujours en cours dans 66 logements.

ACTED a également mis en place une ligne téléphonique pour mettre en relation les familles avec des organismes d’aide qui peuvent fournir des liquidités pour aider à payer les loyers, une aide alimentaire, à l’éducation, ou à l’accès aux médicaments et à la santé.