Depuis les montagnes surplombant le pittoresque village de Tikrit dans le nord du Liban, la frontière syrienne s’observe facilement à l’horizon. Logé au milieu d'une des forêts de cèdres florissantes auxquelles le drapeau libanais rend hommage, l'isolement charmant dont jouissent les habitants peut parfois avoir une arrière-goût amer : le village est situé dans l'une des régions les plus défavorisées du pays et lutte pour apporter une aide adéquate aux 1 500 réfugiés syriens qui y ont trouvé refuge. Les 18 000 habitants de Tikrit n'ont accès qu'à un seul centre de soin de santé primaire, qui appartient à l'Association de Science et Développement (ASD). Il est géré par cette dernière, avec le soutien du ministère de la Santé et du Corps médical international.
Bien que les centres de soins de santé primaire soient en mesure de fournir une aide médicale de base, les résidents de Tikrit ont des besoins plus spécialisés de doivent donc conduire pendant près d’une heure pour se rendre à l’hôpital le plus proche. De fait, de nombreux patients s’abstiennent de voyager surtout pour les services de suivi. C’est une habitude qui peut avoir de graves conséquences sur la santé publique. Outre les contraintes géographiques, la plupart des familles n’ont pas les moyens de s’offrir une assurance maladie, et il y a un manque de supervision et de sensibilisation en matière de santé dans les écoles.
En collaboration avec son partenaire local l’Association Science et Développement (ASD), ACTED s’est efforcée d’aider les populations locales à définir les lacunes les plus graves en matière sanitaire et à trouver des solutions communautaires.
Alors que les centres de soins primaire s’efforcent de répondre aux besoins de 1000 patients chaque mois, l’Association Science et Développement (ASD) est intervenu pour tenter de combler les besoins manquants. Malgré les efforts fournis, l’ASD a rapidement reconnu la nécessité d’un soutien supplémentaire : le directeur de l’ASD a déclaré que » la disponibilité limitée des ressources et la faible capacité nous ont empêchés de répondre aux lacunes urgentes dans le secteur de la santé « .
En 2018, l’ASD a donc participé au projet TA’CIR mis en œuvre par ACTED et Akkarouna (partenaire local d’ACTED au Nord Liban) qui promeut un développement local inclusif à travers la mise en réseau et le renforcement des capacités de la société civile et des autorités locales. L’ASD a participé à des formations sur la gestion organisationnelle, la gestion financière, les communications et la visibilité, et s’est jointe à un réseau d’autres acteurs de la société civile axés sur la santé.
“On a implémenté un nouveau programme de management financier, qui nous permet de classer, organiser et analyser toutes les questions financières liés à l’organisation. Cela contribue à un meilleur management de nos dépenses et permet à nos employés de recevoir des salaires à temps pour la première fois, depuis toujours ! »
Suite à leur formation avec ACTED, l’ASD a dirigé la mise en place du comité de coordination communautaire qui rassemble toutes les organisations locales, y compris les défenseurs de la transparence au niveau municipal. Ce comité de coordination prend désormais la décision finale en terme de transparence et de responsabilité locale pour les projets de développement lors de réunion. Jusqu’à présent, ces réunions ont déjà donné lieu à l’élaboration de plans municipaux visant à définir les priorités de la collectivité.
« L’intervention d’ACTED a rassemblé la société civile et des membres clés de la communauté en utilisant une approche participative pour exprimer ces besoins, chacun ayant une voix et un rôle à jouer, et s’est assurée que les réunions aient un résultat final tangible. Le fruit de ces rencontres, les plans municipaux, sont des documents qui décrivent les besoins exacts tels qu’exprimés par la communauté elle-même, considérés comme des interventions prioritaires. »
À Tikrit, le directeur de l’ASD nous a informés de l’approche du comité : « Afin d’identifier les besoins de santé exacts de notre communauté, nous avons décidé que la façon la plus représentative et la plus inclusive serait de procéder à une évaluation. Cette évaluation serait réalisée auprès de la communauté. Celle-ci a identifié un besoin d’équipement médical, y compris un scanner à rayons X et un laboratoire dans le centre de soins de santé. » Suite à cette évaluation, l’ASD a proposé une intervention précise et adaptée. D’une part, celle-ci visait à combler les lacunes existantes dans le secteur de la santé. D’autre part, elle assurait un financement grâce à l’appel à propositions ouvert d’ACTED concernant des projets de développement prioritaires dans le cadre de TAC’IR. Grâce à cela, les résidents bénéficièrent donc d’un centre de soins primaire mieux équipé à Tikrit, ce qui mènera éventuellement à un meilleur diagnostic et à un meilleur traitement, contribuant ainsi à améliorer le bien-être général de leur communauté.
Les efforts d’ACTED pour optimiser les pratiques quotidiennes des organisations de la société civile à Tikrit ont déjà améliorer concrètement l’offre de services de santé dans la communauté. Grâce au renforcement des capacités et à une prise de mesures pour une organisation financière et organisationnelle durable, les organisations de la société civile sont maintenant mieux en mesure de s’élargir et de fournir des services de meilleure qualité pour la population et surmonter les précédentes problèmes chroniques.
Cela a également eu un effet d’influence encourageant : les programmes de formation ont inspiré d’autres organismes locaux qui ont contacté d’anciens participants pour en apprendre d’eux. Ainsi, TA’CIR a pu non seulement avoir un impact positif en développant cinquante organisations ciblées de la société civile, mais aussi de contribuer à l’amélioration indirecte d’autres organisations de la société civile à travers le Liban.