25 mars 2020 - Face à l’épidémie du Covid-19 : N'oublions pas les plus fragiles de la planète
Alors que la France doit faire face à la violence de la pandémie, le monde entier est aujourd’hui concerné.
Grâce à la mise en place du confinement et aux infrastructures médicales de pointe, notre pays, comme l’Europe et les autres pays industrialisés, arrivera à affronter cette terrible épidémie avec bien des larmes et des drames. Mais nous vaincrons !
Alors imaginons la situation des pays en développement sur d’autres continents, moins favorisés, parfois en guerre et presque désarmés face à l’épidémie.
Il est de notre devoir, à nous humanitaires, d’alerter l’opinion et les gouvernements sur l’énorme impact potentiel du COVID-19 dans les pays les plus pauvres, les plus fragiles, là où des centaines de millions de personnes vulnérables font déjà face à des crises humanitaires et sanitaires.
Si chez nous, de nombreux porteurs du virus ont besoin d’une prise en charge hospitalière, nous imaginons avec effroi comment ces pays pourront faire face à l’afflux de malades. Pensons à ces millions de personnes qui vivent dans des pays pauvres, en guerre, et dans des camps de réfugiés. Ils vivent déjà l’enfer. Ce n’était peut-être qu’un début.
Il semble que le confinement soit aujourd’hui le seul moyen efficace de stopper la progression du virus au sein d’une population. Mais comment les plus pauvres de ces pays vont-ils faire, eux dont l’économie informelle oblige beaucoup à sortir travailler tous les jours pour faire face aux besoins les plus élémentaires de leur famille ; eux dont les Etats souvent fragiles ont déjà des moyens dérisoires et des capacités d’action très entravés.
Nous le disons solennellement : sans un élan de solidarité massif et immédiat des pays industrialisés, ce sont des millions de femmes et d’hommes qui pourraient en mourir dans les pays du sud les plus fragiles, en particulier en Afrique subsaharienne. Nos pensées vont d’abord aux populations les plus vulnérables d’entre toutes, les déplacés intérieurs et les réfugiés.
Nous faisons cet appel en tant qu’ACTED, mais aussi en tant que membre de l’Alliance2015, un réseau de huit ONG humanitaires et de développement basées en Europe travaillant dans 95 pays au service de 40 millions de bénéficiaires directs. Nous sommes engagés depuis longtemps de manière collaborative pour avoir un impact plus fort contre la pauvreté, la faim et les inégalités, dans le cadre des objectifs du développement durable.
Notre réponse en tant qu’Alliance2015 est d’adapter nos programmes quand c’est possible pour aider les plus vulnérables à se préparer au COVID-19, à y répondre et à s’en relever. Nous faisons face ensemble avec nos partenaires dans les pays où nous sommes impliqués, partageons et utilisons nos années d’expériences dans la préparation et la réponse aux crises, en particulier l’expérience liée à l’épidémie d’Ebola.
Nous appelons à une mobilisation massive et immédiate pour les aider à se préparer à cette épreuve, et nous soutenons de tout cœur l’appel du Secrétaire Général des Nations Unies pour un cessez-le-feu global. Au-delà des humanitaires, Nations Unies, Croix Rouges et ONG, il faut une convergence immédiate des acteurs étatiques, non étatiques, du secteur privé pour soutenir ces états, leurs sociétés civiles et leurs populations.
C’est notre devoir d’humanité, il n’y a pas de temps à perdre. Agissons dès aujourd’hui !