Au milieu des plantations de bananiers, c’est en empruntant un sentier de terre à pied que l’on accède aux zones les plus reculées des communes de Dame-Marie, d’Anse-d’Hainault et des Irois, dans lesquelles des familles qui vivaient auparavant dans des abris de tôle emménagent désormais dans des logements aux murs en pierres.
L’ouragan Matthew a commis des dégâts considérables sur les habitations du département de la Grand’Anse, laissant les populations sans toit pour vivre. Pamela, habitante d’Anse-d’Hainault, raconte « Matthew a détruit ma maison, je n’avais plus d’endroit où dormir ».
Dans le département de la Grand’Anse, on estime que 100% de la population a été affectée par le passage de l’ouragan Matthew en octobre 2016, causant d’immenses dégâts sur les habitations.
Les personnes n’ayant pas les moyens de reconstruire un logement digne vivent depuis la catastrophe dans des abris provisoires de tôle et de bâches, ce qui les expose fortement à l’impact de nouvelles catastrophes naturelles.
Des familles de 4 à 7 personnes se sont retrouvées dans des conditions de logement très précaires ; Estelon, commerçante à Anse-d’Hainault, témoigne « on ne se sentait pas du tout à l’aise dans l’autre maison, mais maintenant notre confort est amélioré ».
Pour répondre aux besoins prioritaires en logement, des maçons et des charpentiers locaux ont été formés aux techniques de construction locales améliorées afin de reconstruire les habitations détruites.
Le modèle de construction choisi se base sur des techniques locales, aisément reproductibles par les populations, qui pourront alors réutiliser les connaissances des travailleurs formés.
Les logements sont construits selon la technique “Build Back Safer” qui permet de réduire les risques de destruction en cas de catastrophes naturelles.
Afin d’encourager l’égalité des genres, les équipes sont aussi constituées de femmes formées aux techniques de maçonnerie et de charpenterie.
Une fois la structure du logement terminée, les bénéficiaires sont encouragés à participer à la finalisation de leur nouvelle habitation pour mieux se l’approprier.
Les logements finalisés sont certifiés par un ingénieur ACTED pour garantir le respect des normes parasismiques et para-cycloniques en vigueur dans le pays.
La certification est signée par le bénéficiaire du nouveau logement, permettant aux familles d’emménager dans une habitation sûre qui les protège plus durablement contre de nouvelles catastrophes naturelles.
[L’ouragan] Sandy a détruit ma maison près de la mer en 2012, j’en ai reconstruit une et elle s’est faite écrasée par Matthew en 2016. Ici je me sens plus en sécurité.
Les nouveaux logements permettent de rendre un sentiment de dignité aux familles, qui emménagent dans un espace plus grand et confortable que les abris provisoires. Genise, commerçante à Dame- Marie, explique : « Je me sens fière d’habiter dans une vraie maison, nous sommes plus à l’aise ».
Parmi les personnes qui ont vécu chez des voisins ou des amis après Matthew, Celita, marchande de vêtements à Anse-d’Hainault, témoigne : « Ce n’est pas la même chose d’habiter chez les autres, avec ma propre maison je suis plus autonome ».
Pour certains bénéficiaires, l’argent qui était dépensé dans un loyer en attendant une solution de logement durable pourra désormais être investi ailleurs, afin d’améliorer leur situation à plus long terme.
Après Matthew, je devais dépenser de l’argent pour louer un logement. Maintenant que j’ai une maison, l’argent va être utilisé pour autre chose, je vais pouvoir acheter du matériel de pêche.
Plus de deux ans après l’ouragan Matthew d’octobre 2016, 350 000 personnes ont encore besoin d’aide humanitaire en Haïti, dont la priorité est l’accès au logement.