Dans la mémoire des Libanais d’aujourd’hui, le pays a toujours été une sorte de cocotte-minute sociale et politique, malgré sa résistance et son énergie débordante. Qu'il s'agisse du rôle historique du Liban en tant que patrie d'adoption de ses voisins en perdition, ou de l'impasse politique actuelle qui a amené des milliers de ses citoyens frustrés dans la rue à la mi-octobre, les périodes prolongées de calme demeurent extrêmement rares. Pour les citoyens comme pour les réfugiés, le manque d'accès aux services médicaux, en particulier en santé mentale, demeure un autre domaine exigeant une réforme importante.
Afin de remédier au manque de connaissance de la population et de l'accès au soutien en matière de santé mentale, ACTED soutient des initiatives locales ciblant les communautés vulnérables du nord du Liban.
Dans le cadre de la Journée mondiale de la santé mentale 2019 et avec le soutien d’ACTED, Himaya Daeem Aataa (HDA), une organisation non gouvernementale locale, a organisé une manifestation de sensibilisation à Zgharta, la deuxième grande ville du nord du Liban.
Le but de l’événement était d’aider à lutter contre la stigmatisation autour de la santé mentale et de sensibiliser les gens à l’importance de l’auto-traitement et de reconnaître les signes précurseurs des problèmes de santé mentale.
De telles actions sont nécessaires pour contribuer à combler les lacunes du système de santé libanais qui souffre d’un important manque de prise en charge des populations, subissant de plus la pression venant des réfugiés syriens représentant maintenant près de 25 % de la population. La répartition dense des réfugiés syriens dans les zones mal desservies, qui ont déjà eu du mal à surmonter leurs propres difficultés, ajoute à l’urgence de ces efforts.
Plusieurs institutions publiques et privées actives dans le secteur de la santé se sont associées à HDA: Quatre équipes de jeunes bénévoles de l’école de soins infirmiers de Zgharta étaient sur place pour offrir des consultations de santé de base gratuites, y compris des mesures de la tension artérielle, des tests de glycémie, etc. Lorsqu’il y avait un besoin de suivi médical, les membres de la communauté étaient dirigés vers le Centre de soins de santé primaires de Meryata pour accéder gratuitement à des services spécialisés.
Après avoir subi une intervention médicale, les participants ont également été invités à une consultation gratuite en santé mentale offerte par des psychothérapeutes au Centre Médical de l’Université Libanaise Américaine (LAU) – Hôpital Rizk à Beyrouth.
À la fin de l’événement, le Dr Jocelyne Azar du LAU Medical Centre a animé une session de d’information sur « La santé mentale et les maladies non transmissibles », à laquelle ont assisté de nombreux membres de la communauté. La séance était axée sur les liens entre les maladies chroniques et les troubles de santé mentale – et sur les façons dont chaque maladie peut avoir une influence sur l’autre.
La séance a soulevé de nombreuses questions de la part de l’auditoire, notamment sur la façon de composer avec l’anxiété et la dépression. Les participants ont été encouragés à s’adresser à des
Peu de participants issus de milieux socio-économiques défavorisés ont témoigné avoir des connaissances sur le thème de la santé mentale. Dans les sociétés libanaise et syrienne, les tabous culturels ont traditionnellement entouré les troubles mentaux, empêchant les gens de reconnaître leur état et de demander de l’aide. Ces tendances sont renforcés par le manque de formation en santé mentale des travailleurs en soins de santé primaire ainsi que la rareté des interactions entre les systèmes de soins primaires et de santé mentale.
Bien que le débat public sur la santé mentale au Liban se soit intensifié ces dernières années, il reste encore un long chemin à parcourir pour fournir des soins complets : Le coût des interventions demeure élevé et abordable seulement pour un public limité. En outre, la présence d’hôpitaux psychiatriques reste concentrée dans les grandes villes, ce qui défavorise l’accès à ces infrastuctures pour les personnes vivant dans les zones rurales.
L’événement organisé par la HDA à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale n’était qu’une des nombreuses initiatives locales qui ont eu lieu dans tout le pays et qui ont contribué à un dialogue national ne pouvant être suscité que par un engagement local. Grâce au soutien d’ACTED, en plus de HDA, 6 autres organisations non gouvernementales locales et 3 centres de développement social mettront en œuvre des projets communautaires au cours des prochains mois, visant à améliorer les services de santé et de soutien psychosocial dans les communautés mal desservies.
Je suis venu ici aujourd'hui parce que je n'ai pas vérifié ma santé depuis longtemps. Je suis très occupée avec mes enfants et je n'ai pas le temps d'aller chez le médecin, nous économisons pour payer le loyer. Je suis très heureux d'avoir eu l'occasion de le faire aujourd'hui. J'ai aussi appris qu'il est important de se soucier des problèmes mentaux autant que des problèmes physiques. Les deux aspects sont liés, et j'appellerai les numéros de téléphone qui m'ont été donnés si à l'avenir je me sens très stressée, ou déprimée
Ce projet a été rendu possible grâce au fond UE MADAD et à l'Agence Française de Développement: