Pour Jaber, 32 ans, novembre a été le meilleur mois de tout 2017. C'était le mois où ce père de cinq enfants s'est joint à d'autres hommes et femmes de sa communauté pour travailler dans leur école voisine pour un programme de travail contre rémunération, et donc, selon lui, « c'était le mois où nourrir ma famille n’était pas source d’inquiétude ». Le programme, soutenu par l'OFDA dans le cadre d'un projet d'aide au relèvement des populations touchées par le conflit au Yémen, visait à réhabiliter l'école tout en employant des personnes du gouvernorat d'Al Jawf.
Jaber participe à des activités de travail contre rémunération dans un district du gouvernorat d’Al Jawf qui, selon lui, est une région qui « souffre d’une pénurie de revenus et de possibilités d’emploi ». « Fournir de la nourriture à ma famille est ma première préoccupation, jour et nuit », ajoute-t-il, « je ne suis simplement qu’un travailleur dont le seul combat est de trouver un emploi ».
Selon le rapport de mise à jour socio-économique du Yémen en 2017, le manque d’argent liquide des ménages affecte la résilience globale de la communauté, car les ménages sont incapables d’acheter la nourriture et les articles domestiques nécessaires, ce qui a un impact sur les marchés de la communauté. Le manque d’argent liquide provient de la perte des moyens de subsistance, ce qui peut obliger les gens à recourir à des stratégies d’adaptation néfastes, comme réduire la fréquence de ses repas ou emprunter de l’argent.
« C’est une période très difficile pour les gens », a dit M. Jaber, « les prix ne cessent d’augmenter et il est devenu de plus en plus difficile de trouver un emploi. Rien n’est de notre ressort. Tout ce qu’on peut faire, c’est être patient ».
Ce projet de travail contre rémunération est un exemple parmi de nombreux programmes similaires qu’ACTED et l’OFDA
ont mis en œuvre au Yémen dans les gouvernorats d’Al Jawf, Raymah, Al Hudaydah, Ibb et Al Dhale’e pour soutenir la reprise économique et les systèmes de marché. L’idée est d’augmenter immédiatement le pouvoir d’achat des ménages vulnérables dans ces zones, et ce faisant leur rendre la capacité de subvenir à leurs propres besoins.
Les chantiers de travail contre rémunération sont axés sur la reconstruction d’infrastructures communautaires. Cela peut impliquer de rétablir l’accès aux marchés, à l’infrastructure agricole et aux routes qui relient les villages aux écoles, aux établissements de santé et aux villages voisins, ainsi que le déblaiement général des décombres et des débris causés par les combats.
Une attention particulière a été accordée à la viabilité à long terme des projets, notamment en évitant les sites qui sont déjà couverts bénévolement par des habitants. Jaber a contribué aux travaux de réhabilitation d’une école qui a été sélectionnée en consultation avec les représentants du village pour s’assurer que les sites sont pertinents et qu’ils les identifient eux-mêmes comme les plus importants pour la communauté. Cette école, comme beaucoup d’autres au Yémen, est sous-fonctionnelle : d’après le Humanitarian Needs Overview de 2018, 4,1 millions d’enfants ont besoin d’aide pour accéder à l’éducation, et deux millions ne peuvent pas du tout à l’école.
Comme les autres bénéficiaires du programme, Jaber n’avait pas de revenu régulier, de ressource ou d’actif de production, ce qui rendait incroyablement difficile d’assurer l’alimentation de sa famille. Grâce à ce programme, ACTED a pu employer un millier de travailleurs dans la même situation que Jaber. Le projet a bénéficié directement à environ 7 000 personnes, étant donné que chaque ménage est composé de 7 membres.
L’horaire de travail de Jaber était à l’aise avec les heures de travail réglementaires et avec les activités implémentées pendant la journée et dans les espaces publics près de son domicile. Ce calendrier de travail a été adapté à tous les sites d’intervention, encourageant autant que possible la participation des femmes.
Jaber est un père et considère cette école qu’il a participé à reconstruire comme une preuve que demain pourra être meilleur pour ses enfants et tous les autres enfants de la région.
Bien que l’activité ait pris fin et que Jaber continue à chercher des possibilités d’emploi permanent pour aider sa famille, l’école est selon lui un signe que la vie sera meilleure à l’avenir.