Depuis 2015, ACTED Mali met en œuvre des activités d’appui à la prévention et à la prise en charge de la malnutrition aiguë dans la région Centre, avec le soutien de la Direction générale pour la protection civile et les opérations d’aide humanitaire européennes de la Commission européenne (ECHO) et la Coopération italienne.
Au Mali, le taux de prévalence national de la malnutrition aigüe grave s’élève à 10%, ce qui correspond au taux d’urgence défini par l’Organisation Mondiale de la Santé.
Le taux de malnutrition aigüe sévère s’élève à 1,5% selon les résultats de l’enquête de référence en nutrition, le seuil d’urgence de l’OMS étant de 2%.
L’insécurité alimentaire persiste, engendrée par plusieurs facteurs : une alimentation peu diversifiée ainsi qu’un accès aux service de santé et aux infrastructures d’eau, assainissement et hygiène trop faible. La crise sécuritaire ne facilite pas la mise en œuvre des campagnes de dépistage et prise en charge de la malnutrition. Malgré une implication sans faille du personnel de santé, des associations de santé communautaire et des relais communautaires de santé, la situation nutritionnelle dans le pays reste préoccupante.
Fin 2020, ACTED a contribué à une campagne de dépistage de plus de 70 000 enfants de moins de 5 ans dans le cercle de Koro.
Des équipes de 3 personnes ont parcouru la région pour organiser les dépistages dans 164 villages au total. raconte : « On a fait du porte-à-porte, avec l’aide d’un relais communautaire chargé du dépistage. Il mesure le périmètre brachial des enfants grâce à une bande Shakir, et vérifie s’ils présentent des œdèmes. »
Le bracelet de mesure du périmètre brachial (appelé aussi bande Shakir), permet d’évaluer l’état nutritionnel d’un enfant en mesurant la circonférence de son bras. La bande utilisée est composée d’un code couleur attribué à différents intervalles de mesure. La couleur verte indique un bon état de santé, la couleur orange montre qu’il y a un risque de sous-nutrition et la couleur rouge montre les cas les plus graves, soit la malnutrition aiguë sévère, et doivent être pris en charge d’urgence car ils présentent un risque de décès élevé.
En plus des campagnes de dépistage, les centres de santé communautaires du cercle de Koro ont organisé des distributions de capsules de vitamine A, indispensable pour combattre la malnutrition. Des campagnes d’information sur les bienfaits de l’allaitement exclusif jusqu’à 6 mois et de la consommation de sel iodé son également mises en place. En parallèle, les familles assistent à des séances d’information sur les meilleures pratiques alimentaires pour les enfants de plus de 6 mois.
Tous les cas problématiques identifiés sont référés au centre de santé le plus proche pour suivi et prise en charge.
Maimuma, est une jeune mère de deux enfants, un petit de 2 ans et u bébé de 7 mois diagnostiqué par nos équipes comme atteints de malnutrition sévère. Elle nous raconte les étapes du dépistage à la prise en charge.
« Le relais de santé de mon village est venu chez moi pour ausculter mes enfants. Il a mesuré leur tour de bras et m’a dit qu’ils souffraient de malnutrition, car ils étaient dans le rouge. Il m’a alors remis des papiers pour que je me rende au centre de santé de Koro pour les faire soigner. Ils ont été auscultés, et on m’a confirmé qu’ils souffraient de malnutrition, suite à des vomissements et diarrhées à répétition. »
Les enfants malnutris sont soignés en partie grâce à une pâte en sachet à base d’arachides mélangée à des médicaments et très riche en nutriments pour permettre aux enfants de gagner rapidement du poids et des forces. Le
« Je me rends au centre de santé une fois par semaine pour le suivi de traitement de mes enfants. On m’a donné une bande Shakir pour mesurer leur tour de bras. On m’a expliqué comment m’en servir, ce qui me permets de les suivre directement, mais aussi d’aider d’autres personnes de mon village ».
Les campagnes d’information, la mobilisation des communautés, les campagnes de dépistage et le suivi des cas sont indispensables pour lutter contre le fléau de la malnutrition. Les équipes d’ACTED et ses partenaires restent mobilisés au plus près des besoins dans les villages, tout en plaidant pour davantage d’implication et d’accompagnement par les autorités sanitaires. Il est indispensable d’augmenter les moyens de prise en charge des centres de santé pour espérer faire reculer durablement le nombre de cas de malnutrition au Mali.