La République Démocratique du Congo est l’un des pays qui compte le plus de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë haute avec plus de 25.6 millions de personnes affectées recensées entre juillet et octobre 2024. La province du Tanganyika compte 1 857 391 personnes en situation de crise ou urgence alimentaire (IPC3+), et concentre une grande partie des besoins humanitaires du pays, engendrés par des causes conjoncturelles et structurelles.
Le Tanganyika est également touché par des périodes vacillants entre fortes pluies et sécheresse, dont la fréquence et la sévérité sont accentuées par le dérèglement climatique et impactent les saisons agricoles. La montée des eaux du lac Tanganyika, due aux fortes intempéries, a aggravé les inondations, entraînant des dommages importants aux infrastructures locales.
Le territoire de Kalemie est quant à lui le deuxième plus touché de la province par l’insécurité alimentaire aiguë, concernant 419 527 personnes.
L’insécurité alimentaire est aggravée par l’enclavement, le manque d’infrastructures agricoles, les aléas climatiques, les maladies des cultures, et la précarité des systèmes de production, souvent peu accompagnés techniquement. Le contexte socio-économique influe également sur le pouvoir d’achat d’une population fortement exposée à l’insécurité alimentaire, composée principalement de ménages ruraux ainsi que des populations pauvres et très pauvres des zones urbaines et périurbaines.
On recense également un nombre élevé de personnes dans le besoin en termes de nutrition (environ 400 000). La sévérité de ce besoin est classée d’alerte à sévère selon l’analyse IPC de la malnutrition aigüe de septembre 2024. Les principaux facteurs contribuant à la malnutrition sont les mauvaises pratiques alimentaires, l’insécurité alimentaire aiguë, les maladies, le faible accès aux soins de santé, l’accès limité à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement.
Ce projet de 13 mois, de septembre 2023 à septembre 2024, est soutenu par le Comité interministériel d’aide alimentaire (CIAA). Il vise à renforcer la résilience des groupements de Moni et Kasanga Mtoa dans la Province du Tanganyika, en améliorant les circuits de transformation et de commercialisation des produits agricoles. Avec une approche holistique et intégrée, l’objectif était d’améliorer la nutrition à travers une approche intégrée WASH et sécurité alimentaire « WASH in Nut » dans les centres de santé.
A travers ce projet, les populations ont donc renforcé leurs activités économiques locales, la diversification de leur alimentation et leurs connaissances et bonnes pratiques en termes de nutrition, via la réception de semences et d’outils agricoles et la mise en place de jardins potagers et de Champs Ecoles Paysans (CEP). De plus, des activités génératrices de revenus (AGR) ont permis de redynamiser l’économie locale. Enfin, l’accès à l’EHA a été amélioré via la construction et la réhabilitation d’infrastructures sanitaires dans sept centres de santé, ainsi que la distribution de kits Eau Hygiène Assainissement (EHA).
Ces activités ont atteint un total de 32 378 bénéficiaires avec un accent particulier sur l’assistance alimentaire, la relance agricole et l’amélioration de la prise en charge des cas de malnutrition.
Les besoins humanitaires dans cette région demeurent toutefois importants. Face à cette situation, Acted, en partenariat avec Médecins du Monde (MdM), a lancé un nouveau projet à partir d’octobre 2024 dans les zones de santé de Nyunzu, Nyemba et Kalemie. Ce projet vise à renforcer la sécurité alimentaire des ménages les plus vulnérables, à réhabiliter et construire des infrastructures sanitaires, ainsi qu’à dépister et prendre en charge les cas de malnutrition aiguë sévère, en particulier chez les femmes enceintes et allaitantes.