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Haïti : des chantiers-écoles pour réduire les risques de catastrophes

Entre mer et montagnes, la Grand’Anse, sur la pointe de la péninsule sud d’Haïti, est l’un des départements les plus verts d’Haïti. Le paysage est caractérisé par des maisons de toutes les couleurs surgissant çà et là parmi la végétation.

En collaboration étroite avec la population locale, ACTED et son partenaire CESVI ont mis en place un chantier de construction de maisons dans le cadre d’un projet de réduction des risques de catastrophes, mis en œuvre depuis avril 2018 dans les communes des Irois, de Corail et de Pestel. Ce projet permet de développer les capacités locales des populations à faire face aux catastrophes naturelles avec la mise en place de 150 chantiers-écoles et de formations, grâce au financement de la Direction générale pour la protection civile et les opérations d’aide humanitaire européennes de la Commission européenne (ECHO) (https://ec.europa.eu/echo/).

La Grand’Anse, un département exposé aux catastrophes naturelles

L’ouragan Matthew a ravagé la péninsule sud d’Haïti en octobre 2016, détruisant la plupart des maisons. Si les besoins les plus urgents ont été couverts immédiatement après le passage de l’ouragan, trois ans plus tard de nombreuses familles vivent encore dans des abris de fortune faits de morceaux de tôles et de bâches. Ces personnes restent vulnérables à toute catastrophe naturelle, dans une région particulièrement exposée aux aléas climatiques.

Renforcer les capacités localement pour des maisons plus résistantes et durables

Afin de contribuer à l’effort de relèvement des populations, ACTED a mis en place des chantiers-écoles dans la commune des Irois pour reconstruire les maisons des populations les plus touchées selon les Techniques de Construction Locales Améliorées (TCLA). 113 ouvriers du bâtiment (appelés « boss » en Haïti) ont été formés à ces techniques qui prennent en compte le contexte et les matériaux locaux, tout en respectant les normes parasismiques et anticycloniques du pays. Les « boss » les mettent ensuite en pratique dans 75 chantiers-écoles, sous la supervision des chefs de chantiers d’ACTED. Ils appliquent des méthodes spécifiques dans la manière de réaliser la structure, la charpente, la toiture et les murs, pour garantir la pérennité des habitations.

Je travaille comme maçon depuis mon plus jeune âge, j’avais déjà travaillé sur d’autres projets de construction d’abris. Mais auparavant, les abris que je construisais n’avaient pas de galerie à l’avant de la maison et le contreventement des panneaux n’était pas vraiment respecté. Maintenant, c’est mieux avec ces nouveaux modèles. J’ai acquis beaucoup d’expérience, que j’arrive aussi à mieux transmettre. Mon travail devient un modèle pour d’autres boss. Je me suis bien intégré dans l’équipe et c’est sympa de travailler avec les bénéficiaires

Un maçon participant au projet

Vers une construction collective de la résilience

Les « boss » sont appuyés sur les chantiers par les équipes ACTED mais aussi par les futurs habitants, qui s’occupent du nivellement de leur terrain avant le démarrage du chantier et assurent la fourniture en eau. Une fois la structure terminée, ils se chargent eux-mêmes d’appliquer la peinture afin de mieux s’approprier leur nouvel habitat en le personnalisant.

Ce projet a un impact multiple sur la résilience des populations. D’une part, il renforce les capacités locales dans le secteur de la construction, grâce à l’expérience acquise par les ouvriers, qu’ils pourront mettre à profit sur d’autres chantiers. D’autre part, il favorise la réduction des risques de catastrophes par la construction d’abris plus résistants et durables. Enfin, il permet au total à 150 familles d’être relogées dans des nouvelles maisons plus sûres.

Je suis ingénieur en génie civil et je viens de la région. J’étais là au moment de l’ouragan Matthew, j’ai assisté à la catastrophe. Maintenant je travaille avec ACTED comme chef de chantier depuis janvier 2019. Mais avant de commencer, j’ai assisté à une formation de l’OIM en septembre 2019. Cette formation permettait d’apprendre les TCLA, les techniques de construction locales améliorées. Pendant mes études, j’avais suivi des cours sur la charpente mais avec cette formation, j’ai pu apprendre de nouvelles méthodes, des techniques sur la croix de Saint André ou le remplissage des murs. Les abris que nous sommes en train de construire sont bien plus sûrs, et en plus ils ont une jolie architecture. Ils respectent toutes les règles de construction paracyclonique. Les bénéficiaires admirent le résultat à la fin, ils trouvent que c’est du bon travail.

Un participant au projet