Tchad Acted

« Au début, les gens nous prenaient pour des fous » : le maraîchage en sac

Le maraîchage en sac, quand ACTED aide les sahéliens à s’adapter au changement climatique grâce au soutien de la Direction Générale de la Protection Civile et les Opérations Humanitaires européennes de la Commission Européenne (ECHO)

 

Il est des régions du monde où l’on doute encore du changement climatique, et d’autres où il est une réalité quotidienne. Dans la bande sahélienne, on ne le questionne plus, on s’y adapte.

ACTED 2017
Marcelin, technicien agricole d’ACTED inspecte des sacs dans le village d’Am Cornoye, janvier 2017

Dans ce paysage aride, à la frontière entre la jungle d’Afrique centrale et les paysages lunaires du Sahara, on vit au bord du gouffre : le Sahel est un entre-deux fragile, prêt à basculer à la moindre secousse, et la secousse actuelle est de taille. Sous l’effet du dérèglement climatique et de la pression démographique, inexorablement, le désert avance, rapprochant peu à peu le Sahel de son grand voisin aride.

Avant plus rien ne poussait ici.

Une bénéficiaire du village d’Angatati

ACTED 2017
Watching, Chef d’équipe agricole d’ACTED, inspecte un « champs » de sacs dans le village d’Angatati

Ce choc vient rompre l’équilibre déjà fragile des écosystèmes locaux et de l’agriculture sahélienne. Dans une région qui reçoit à peine 600 mm d’eau durant les seuls deux mois de pluies, le changement climatique a des conséquences bien concrètes : la saison des pluies se raccourcit, les arbres se font plus rares, les pâturages moins verts, les puits se tarissent plus tôt dans l’année, et l’agriculture traditionnelle ne peut plus nourrir tout le monde. C’est un mal silencieux, loin des fracas de l’histoire, meurtrier et tragique. Et pourtant, ce n’est pas une fatalité.

Au début les gens nous prenaient pour des fous.

Watching, Chef d’équipe agriculture avec ACTED

ACTED 2017
Boniface, technicien agricole d’ACTED, inspecte des sacs dans le village d’Am Cornoye, janvier 2017

Face à ce défi, ACTED appuie les femmes agricultrices tchadiennes afin de mettre en place dans le Sahel des techniques agricoles innovantes. Le chemin a été long avant de convaincre les gens de s’essayer à cette nouvelle pratique. « Au début, les gens nous prenaient pour des fous » avoue un technicien agricole d’ACTED. En effet, le pari était ambitieux, mais une poignée de gens se sont lancés, et le succès est de taille.

Tu vois, les gens viennent voir, discutent, s’interpellent, débattent, ils sont intrigués et se demandent bien comment ça peut marcher.

Boniface, Technicien agricole avec ACTED

Dans les zones les plus sèches du Sahel, les paysans travaillent la terre aride et sableuse. En la mélangeant avec de la terre argileuse prise dans le lit des fleuves au Sud de la région du Batha, ainsi que du fumier, ils créent une nouvelle terre riche et fertile. Afin de la conserver et d’en tirer tous les bénéfices, sous l’influence d’ACTED, les paysans en remplissent des sacs qui deviennent ainsi leurs champs. Une colonne de graviers au centre permet à l’eau de se répartir dans l’ensemble du sac rapidement ; nécessitant seulement 6 litres d’eau par jour pour arroser l’ensemble de la production. Le dessus du sac, ainsi que des trous creusés tout autour permettent alors de semer entre 30 et 40 plants de légumes divers. Économisant l’eau, l’espace et la bonne terre, tout en permettant de créer un champ mobile et compact, cette technique répond parfaitement aux nouvelles contraintes agricoles des zones les plus arides du Sahel.

Ce sac, dorénavant, c’est votre champ !

Marcelin, Technicien agricole avec ACTED, lors d’une formation agricole

ACTED 2017
Marcelin, technicien agricole d’ACTED inspecte des sacs dans le village d’Am Cornoye, janvier 2017

En maximisant l’usage de chaque ressource (eau, terre fertile, espace), cette technique fait pousser des légumes, là où, de l’aveu d’une bénéficiaire, « plus rien ne poussait ». Intrigués et convaincus, les paysans de la région se pressent aujourd’hui aux formations et aux échanges d’expérience organisés par ACTED. Dans des villages qui n’espéraient plus endiguer le lent déclin de leur agriculture, l’avenir tient désormais dans un sac.

ACTED 2016
Une femme bénéficiaire arrose un sac lors d’une formation au maraîchage en sac animé par ACTED dans la commune d’Ati (Région du Batha), décembre 2016

Nos hommes sont en migration, nous n’avons pas d’autres activités, c’est un miracle de pouvoir faire pousser des légumes ici.

Achta, bénéficiaire du village de Gantour

Cet article couvre les activités d’aide humanitaire mises en œuvre avec l’aide financière de l’Union européenne. Les opinions exprimées ici ne devraient pas être prises pour refléter l’opinion officielle de l’Union européenne et la Commission européenne n’est pas responsable de l’utilisation éventuelle des informations qu’elle contient