Ouganda Article

Innover pour une agriculture durable et un développement éco-énergétique pour tous

Des agriculteurs plus autonomes, moins d’émissions de gaz à effet de serre : c’est la mission que se sont donnés ACTED et Dream Shuttle, reconnus pour leurs innovations dans le secteur des énergies renouvelables en Ouganda

ACTED et son partenaire Dream Shuttle Ltd ont développé le projet REPARLE dans le but d’appuyer  l’Ouganda dans la réalisation des objectifs de la COP21 en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le projet REPARLE a bénéficié de l’appui de USAID Power Africa et des gouvernements allemand et ougandais.

Le projet REPARLE : qu'est-ce que c'est ?

Le projet REPARLE, pour « Renewable Energy Powering Agriculture and Rural Livelihood Enhancement » (énergie renouvelable pour l’agriculture et l’amélioration des moyens d’existence en milieu rural), utilise les déchets agricoles pour produire de l’électricité par le biais d’un processus de gazéification de la biomasse – ici, des déchets agricoles. Cela sert à produire un gaz riche en énergie qui à son tour produit de l’électricité. Dans le cas du projet REPARLE, 80% de cette électricité serviront à alimenter la production de maïs, de riz et d’arachides. Puis, les 20% restants seront redistribués à prix abordable aux familles qui n’ont actuellement pas accès aux réseaux électriques.

Quel impact pour les agriculteurs dans les zones rurales de l'Ouganda ?

Le coût de production de l’électricité étant bas, grâce à l’utilisation de déchets agricoles, les services peuvent être proposés aux agriculteurs à un taux beaucoup plus bas que les prix du marché, permettant ainsi aux agriculteurs d’avoir accès à de meilleurs services à de meilleurs profits. Le projet REPARLE permettra aux agriculteurs de stocker leur production dans des entrepôts sur les sites de gazogènes, et permet également de proposer une solution financière aux agriculteurs les plus pauvres pour qu’ils puissent avoir accès à cette technologie. Un sous-produit naturel de la gazéification de la biomasse est le biochar, tandis que tout surplus de déchets agricoles qui n’auraient pas été utilisés pour les gazogènes peut être utilisé pour produire du biocombustible (pellet).

Le biochar au soutien des familles, de l’économie et de l’environnement

Le biochar peut être utilisé par l’industrie comme substitut du charbon traditionnel, ce qui ralentirait le rythme de la déforestation, liée à la production du charbon de bois en Ouganda. Les familles participant au projet REPARLE vont recevoir des cuisinières à gaz et du biocombustible, leur permettant cuisinier avec de l’énergie propre, en brûlant du biocombustible. Cuisiner avec du biocombustible est en effet beaucoup plus propre que l’utilisation du charbon de bois traditionnel ou du kérosène, ce qui permet de réduire les substances nocives dans les maisons résultant des méthodes traditionnelles. Les boulettes de biocombustible brûlées peuvent être vendues en tant que biochar. Cela permet de réduire le rythme de la déforestation, tout en répondant à la demande en combustibles. Les familles participant au projet recevront du biocombustible à titre gratuit, et se verront rembourser une certaine somme après avoir restitué du biochar.

ACTED Ouganda, 2016
L'équipe du projet REPARLE
ACTED Ouganda, 2016
Le gazéificateur
ACTED Ouganda, 2016

Un projet au coeur du "3Zéro"

La stratégie « Zéro exclusion, Zéro carbone, Zéro pauvreté », au cœur des programmes d’ACTED, met en avant la valeur de projets comme le projet REPARLE. D’après les pronostics, la pauvreté peut être éradiquée d’ici 2030 – l’objectif « zéro extrême pauvreté d’ici 2030 » semble donc plausible. Cependant, le changement climatique est susceptible de freiner voire même de stopper ou renverser les tendances de ces progrès. Les plus touchés seront les plus pauvres, et pour ceux qui subissent l’extrême pauvreté, la tâche d’en sortir ne sera que plus difficile. Et ceux qui sont un peu moins pauvres seront précipités à nouveau dans l’extrême pauvreté.

Le projet REPARLE propose une véritable opportunité d’impact sur les trois zéros, en se concentrant sur l’amélioration des moyens d’existence, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et les innovations vertes.

  • Zéro pauvreté : le soutien aux moyens d’existence en milieu rural permettra à des centaines de milliers d’agriculteurs d’augmenter leurs revenus, et de s’assurer ainsi de ne pas retomber dans l’extrême pauvreté.
  • Zéro carbone : en produisant de l’électricité sans émissions de gaz à effet de serre, et en promouvant l’utilisation de la technique de gazéification des biomasses en tant qu’alternative à l’utilisation d’énergies fossiles traditionnelles, le projet REPARLE permet de réduire le risque que les agriculteurs retombent dans la pauvreté en conséquence des effets du changement climatique.
  • Zéro exclusion : le projet REPARLE est mis en œuvre dans les régions les plus rurales du nord de l’Ouganda, dans des zones où il n’y a pas accès aux réseaux nationaux, et où l’agriculture de subsistance demeure la première source de revenu pour la plupart des habitants. En investissant dans ces régions marginalisées, le projet permet aux familles d’accéder aux mêmes services que dans des régions plus développées.

Le projet REPARLE présente un bon potentiel de changement d’échelle, et est viable financièrement (capacité d’autofinancement), ce qui en fait un programme phare dans la région, avec à la fois un impact social et un retour sur investissement. Ainsi, en grandissant, le projet permet de soutenir plus d’agriculteurs, il contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre et permet aux populations des régions les plus marginalisées d’avoir un meilleur accès à l’électricité et aux technologies agricoles.

L'innovation REPARLE internationalement reconnue

Le projet REPARLE a aussi été reconnu par le Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ) et la coopération allemande au développement (GIZ) par le biais du « Practitioners Dialogue on Climate Investment » (PDCI). Le PDCI a été développé à la suite de l’Accord de Paris, signé en décembre 2015, et vise à mieux faire comprendre comment les gouvernements des pays en développement et des pays émergents peuvent s’assurer de la participation du secteur privé et de la finance dans les processus de développement bas carbone et résilient au changement climatique. Le PDCI facilite l’échange entre hauts responsables et décideurs des pays en développement et des pays émergents avec les professionnels du secteur privé et de la finance.

Le projet REPARLE a été identifié comme un projet pilote pour l’Ouganda, qui a le potentiel d’appuyer le gouvernement ougandais dans sa réalisation des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 10 ans. Cette reconnaissance démontre l’immense potentiel du projet REPARLE en tant qu’approche innovante pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre en Ouganda, et pour nourrir le dialogue international sur les innovations en matière de climat.