Avec des jumeaux âgés de moins de cinq ans et deux fils handicapés, les conditions de vie sont difficiles pour Seria et sa famille qui ont été déplacés depuis 7 semaines par le violent siège à Marawi qui a éclaté le 23 mai 2017. « Je n’aurais jamais pu imaginer la guerre dans la ville de Marawi parce que la ville de Marawi est un endroit paisible, les gens sont habituellement occupés sur le marché ou dans la rue à faire des affaires. » raconte Seria se tenant devant la fenêtre improvisée du poulailler qu’elle et sa famille appellent maintenant la maison.
Avec le nombre limité de centres d’urgences disponibles, Seria et sa famille ont d’abord cherché refuge dans la maison d’un ami dans un barangay, à Balo-I. Cependant, après 3 jours, l’abri est devenu congestionné alors que 6 familles y séjournaient. Par conséquent, Seria et sa famille ont déménagé dans le poulailler d’à côté, qu’ils ont pu nettoyer et réparer grâce à l’aide des voisins. Environ 347 218 personnes, soit 94% des personnes déplacées par le conflit, se trouvent dans la même situation que Seria et sa famille, restant dans des abris d’amis ou de parents. Cela est problématique car ils ne disposent pas d’un accès adéquat à l’inscription auprès des autorités locales et de l’assistance. L’aide de secours du gouvernement et des organismes de secours s’est concentrée sur les personnes déplacées à l’intérieur des centres d’évacuation, excluant la majorité des personnes touchées par le conflit.
L’assistance d’urgence d’ACTED, en coopération avec Action Contre la Faim grâce au soutien du réseau START, a toutefois pu rejoindre Seria et sa famille, car les opérations de secours se sont concentrées sur les personnes les plus vulnérables. Seria explique que «les coûts de transport nous empêchent d’accéder au secours parce que la plupart des organisations humanitaires ont préféré les points de distribution le long de la voie, c’est pourquoi nous sommes très reconnaissants qu’ACTED soit venu et nous livre les objets juste devant notre abri temporaire». Les articles non alimentaires et les trousses d’hygiène ont été essentiels à la famille alors qu’ils ont fui Marawi sans pouvoir emporter quoique ce soit et ont perdu leur source de revenus.
Seria a encore plusieurs soucis qui la tiennent éveillée la nuit. Il n’y a pas de lait pour ses jumeaux de 2 ans, ses 2 fils ayant une déficience les empêchant de marcher correctement, n’ont jamais été vus par un médecin et son enfant de quatre ans a une pneumonie. Bien que le soutien médical ait été fourni aux centres de santé et aux hôpitaux ruraux, sans revenu, Seria est incapable de payer le coût de transport pour collecter le médicament pour son fils. Elle espère que le conflit à Marawi se terminera rapidement afin qu’ils puissent rentrer à la maison. Même si la fin proche du conflit est incertaine, il est probable que Seria reste dans le poulailler avec ses enfants, car la situation après des semaines de bombardement aérien et de fusillades reste inconnue.