La Somalie, le Kenya et l'Éthiopie connaissent la pire sécheresse que la région n'est jamais connue en raison de quatre saisons des pluies consécutives sèches. Les prévisions annonce l'échec de la cinquième saison des pluies ratée. Les futures conséquences d'une autre période pluviale ratée pèsent désormais sur les communautés les plus vulnérables. Chaque jour, il devient de plus en plus difficile de trouver de la nourriture et de l'eau. Derrière les chiffres, des millions de vies ont été profondément affectées par les effets destructeurs de cette sécheresse cyclique.
L'assistance humanitaire met trop de temps à parvenir jusqu'à nous, sur le terrain. Il est temps pour nous d'agir ensemble et de sauver des vies.
La gravité de la situation a déboussolé tout le monde. « Crise humanitaire », « catastrophe alimentaire », sont quelques-uns des termes utilisés par l’ONU pour décrire la situation dans la Corne de l’Afrique. 36,1 millions de personnes dans la région ont besoin d’une aide humanitaire immédiate.
Les prix des denrées alimentaires se sont envolés en raison de la faible production agricole et animalière ainsi que du conflit en Ukraine. La crise alimentaire devrait continuer de s’aggraver car une grande partie des populations de Somalie, du Kenya et d’Éthiopie connaissent des niveaux d’insécurité alimentaire classifiés en crise, urgence et catastrophe (IPC 3 & 4 & 5). La malnutrition aiguë est également en hausse et touche particulièrement les enfants, les femmes enceintes et allaitantes, les personnes déplacées à l’intérieur du pays, les personnes âgées et les habitants des zones rurales. Alors que la famine est prévue à Burhakaba et Baidoa, en Somalie, entre octobre et décembre, Robert Simpson, Directeur d’ACTED Somalie, prévient que
sans une réponse humanitaire immédiate et d'envergure, la famine sera déclarée dans les prochains mois
L’eau est aussi très difficile d’accès. Plus de 16 millions de personnes sont privées d’eau salubre et potable. Cela entrave la capacité des populations à cuisiner, à boire, à se nettoyer quotidiennement et à faire le ménage. À l’heure où le monde est toujours sous la menace du Covid-19, des communautés entières en Somalie, au Kenya et en Éthiopie voient une recrudescence de la contagion des maladies transmises par l’eau.
L’OMS a mis en garde contre de nouvelles épidémies de rougeole, de choléra, de diarrhée et d’autres maladies dues au manque de sources d’eau propre.
Au-delà du simple manque de ressources, beaucoup ne peuvent plus travailler. Près de 9 millions de têtes de bétail sont mortes et les cultures se sont asséchées, laissant un nombre incalculable d’agriculteurs sans moyens de subsistance. Les familles n’ont eu d’autre choix que de se séparer de leurs biens pour joindre les deux bouts mais, dans de nombreux cas, cela ne suffit pas pour survivre le mois.
Cette situation impossible a poussé 1,6 millions de personnes à quitter leur foyer. En partant, elles ont espéré trouver de la nourriture, de l’eau et du travail dans d’autres endroits. Avec l’arrivée de milliers de nouvelles personnes cherchant de l’aide, les conditions de vie des communautés de déplacés internes vivant dans des camps se détériorent rapidement.
Des milliers de personnes rejoignent les camps déjà surpeuplés ce qui aggrave la situation humanitaire dans les camps. Des personnes meurent.
C’est un fait : la Corne de l’Afrique fait l’expérience directe des conséquences désastreuses du changement climatique avec des saisons des pluies qui deviennent plus sèches chaque année. ACTED, et d’autres organisations humanitaires, ont mis en place des réponses d’urgence pour répondre aux besoins immédiats des populations touchées par la sécheresse. ACTED répond à la crise humanitaire en transférant de l’argent liquide aux ménages vulnérables pour qu’ils répondent rapidement à leurs besoins, en fournissant un accès à l’eau potable par la construction et la rénovation de points d’eau, d’infrastructures d’hygiène et d’assainissement, et en menant des activités dans les camps pour aider les nouveaux arrivants à s’installer tout en impliquant les communautés qui y vivent dans la gestion de leurs propres espaces. Ces activités visent à pallier aux graves conséquences présentes de la sécheresse en sauvant des vies.
ACTED estime que des solutions à moyen et long terme doivent être trouvées pour aider les communautés à renforcer leur résilience, en particulier lorsque les chocs climatiques frappent durement leurs territoires. ACTED en Somalie, Ethiopie et au Kenya a mis en œuvre des projets visant à soutenir le secteur agricole et la gestion par les communautés de leurs propres ressources naturelles. En Somalie, ACTED a implanté son initiative phare, THRIVE, qui vise à restaurer les sols endommagés par le changement climatique grâce à une approche holistique de renforcement de la résilience des communautés. Jusqu’à présent, plus de 24 000 ménages ont été soutenus dans le renforcement de leur sécurité alimentaire tandis que 985 hectares de terres dégradées ont été restaurés avec des agriculteurs formés aux pratiques agricoles régénératrices.
Le cycle de la sécheresse est devenu plus court, plus fréquent et plus intense en raison du changement climatique mondial et de la dégradation de l’environnement. Malgré l’aggravation de la situation en Somalie, au Kenya et en Éthiopie, des solutions existent pour renforcer la résilience des communautés face au changement climatique. Il y a encore de l’espoir pour sauver et améliorer la vie de ceux dont le monde a été brisé par la sécheresse en leur permettant de construire un avenir où ils pourront s’épanouir et prospérer.