Entre disparités territoriales, dégradation des conditions environnementales et climatiques et manque d'opportunités d'emploi, le Sénégal est aujourd’hui confronté à des taux de migration importants, un phénomène qui ne cesse de croître et qui se fait ressentir tant à l'échelle nationale que régionale et internationale.
L’exode rural concerne une part importante de la population sénégalaise. Ainsi, la concentration de populations autour des principaux centres urbains augmente, notamment à Dakar, Diourbel et Thiès. En dehors de l’Afrique, la première destination des migrants sénégalais est l’Union européenne, et plus précisément la France, l’Italie et l’Espagne, considérés comme les trois pays les plus attractifs dans la période de 2008 à 2013.
ACTED est présente dans la région rurale de Matam, au nord-est du pays, pour soutenir les populations vulnérables notamment avec la mise en place d’un projet de renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, tout en cherchant à dynamiser les savoir-faire et l’emploi dans la région pour apporter une solution aux causes profondes du phénomène de migration.
La région de Matam fait face à des crises alimentaires récurrentes depuis plusieurs années, accentuées par des sécheresses chroniques qui fragilisent l’environnement et, avec lui, l’agriculture. L’agriculture constitue la première source de revenu pour 50 à 75% des familles interrogées dans le cadre d’enquêtes ACTED, pour qui la grande majorité des récoltes est destinée à leur propre consommation.
Les personnes qui choisissent la voie de la migration se font de plus en plus nombreuses, pour la plupart en quête de nouvelles opportunités d’emploi. Une enquête menée par ACTED en juillet 2017 a montré que 40% des familles bénéficiaires de son projet de renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle comptaient des migrants parmi les membres de leur famille. Dans plus de 3 cas sur 5, ces migrants ont quitté la région en quête d’emploi, aujourd’hui la première cause de migration pour les habitants de la région.
La plupart des villages où ACTED intervient sont très isolés et non desservis par les routes, une situation d’enclavement qui compromet l’accès aux marchés, éloignés, et donc l’approvisionnement en matériel agricole. Pour contrer les problématiques de l’enclavement, ACTED a mis en place tout un réseau de relais communautaires qui encadrent les populations tout au long des saisons culturales pour leur transmettre les meilleures pratiques. Les agents prestataires de service, des agents mobiles chargés de vendre du matériel et des semences aux familles éloignées des centres urbains, permettent à ces populations d’avoir accès à du matériel de qualité.
Avec ce projet, ACTED a également pu soutenir 30 initiatives villageoises actives dans le secteur de la nutrition, contribuant ainsi à développer l’entreprenariat tout en renforçant ces initiatives avec des connaissances techniques et de compétences de gestion. Avec cet appui, ces initiatives parviendront à se développer et à gagner en rentabilité, et ainsi proposer un modèle économique inspirant pour d’autres initiatives similaires. Cela permet également aux agents prestataires de service de développer leurs compétences agricoles et leurs compétences de gestion de commerce, d’obtenir une première clientèle, et d’être accompagnés par les équipes d’ACTED. Soutenir ces initiatives villageoises, c’est donc encourager des modèles qui peuvent contribuer à la lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.