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Ouzbékistan : protéger les femmes victimes de violences à caractère sexiste

Il est rare d'entendre parler des violences à caractère sexiste que subissent les femmes en Ouzbékistan. Bien qu'il n'existe pas de données officielles pour ce pays, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) reconnaît que la violence domestique à l'égard des femmes y est " un problème majeur de santé publique et une violation des droits humains des femmes ". La violence domestique prend de nombreuses formes, y compris la violence physique, psycho-émotionnelle, économique, sexuelle, cybernétique, le harcèlement et le harcèlement criminel.

Sensibilisation à la violence sexiste

Dans le monde, une femme sur trois a été victime de violence, principalement de la part de son partenaire.

L'histoire de Dilfuza

Dilfuza s’est mariée à 22 ans et a eu deux enfants avec son mari. Lorsqu’elle travaillait en Russie, elle a été agressée sexuellement, ce qui a entraîné une grossesse. Inquiète, Dilfuza est retournée en Ouzbékistan, où elle a essayé de cacher la grossesse à son mari. Une fois le bébé né, elle lui a dit la vérité au sujet de l’agression, espérant de la compassion et du soutien. Au lieu de cela, le mari de Dilfuza et sa famille l’ont chassée de la maison, la laissant ainsi que le nouveau-né sans abri.

Dilfuza était désemparée. Elle a alors pensé au suicide. Elle a demandé de l’aide au comité local des femmes, qui l’a dirigée vers le Centre Oydin Nur. Depuis 2000, le Centre Oydin Nur fourni des conseils psychologiques à plus de 5 155 femmes en crise et un soutien à plus de 9 000 femmes qui ont composé le numéro d’urgence.

Dilfuza est restée plusieurs mois dans le refuge pour femmes du Centre, où elle et son bébé ont reçu un logement, des vêtements, de la nourriture et des soins médicaux.

En partenariat avec des ONG qui défendent le droit des femmes, ACTED Ouzbékistan cible les jeunes publics sur les médias sociaux pour les sensibiliser aux violences sexistes, faire taire les stéréotypes et permettre l’émergence d’une nouvelle génération qui lutte pour l’égalité des sexes.

En l’absence d’une législation nationale interdisant la violence familiale, les femmes victimes de violences en Ouzbékistan n’ont aucune protection juridique contre des crimes toujours considérés, culturellement, comme une affaire privée. En outre, les politiques relatives aux droits des femmes sont toujours perçues comme sans rapport avec les objectifs économiques du pays, malgré les coûts économiques élevés que représentent l’absentéisme au travail et les soins de santé pour les victimes. En conséquence, les femmes ouzbèkes restent vulnérables à la violence domestique, économiquement désavantagées et exclues des processus décisionnels, tant au niveau local qu’au niveau national.

Les défenseurs des droits des femmes et les survivantes de la violence domestique en Ouzbékistan ont vu les premiers signes de progrès potentiels en 2016. Un changement de gouvernement a inauguré une nouvelle ouverture à la discussion sur les questions liées au genre. 210 organisations de femmes de la société civile (OSC) enregistrées auprès du Ministère de la justice, mais qui ont été effectivement bloquées par des obstacles administratifs et des préjugés patriarcaux bien ancrés. Afin d’aborder de manière holistique les questions d’inégalité entre les sexes et de violences à caractère sexiste, la programmation d’ACTED en Ouzbékistan s’est concentrée sur les questions suivantes :

  • L’exclusion des organisations de femmes de la société civile du processus de prise de décision à tous les niveaux et l’absence de législation pour protéger les victimes de violences à caractère sexiste ;
  • Le manque de soutien pour les femmes à risque et les survivantes des violences à caractère sexiste ;
  • La persistance de stéréotypes sexistes qui se traduisent par un manque d’opportunités économiques pour les femmes.

ACTED apporte un soutien financier aux ONG partenaires qui s’efforcent de fournir aux victimes de violences à caractère sexiste des services de soutien clinique, juridique et psychologique de base, un logement sûr, de la nourriture et des kits d’hygiène essentiels. ACTED travaille également avec les organisations de femmes de la société civile locale pour sensibiliser les femmes aux violences à caractère sexiste. L’objectif étant qu’elles soient écoutées lors de la conception de politiques nationales liées au genre et de renforcer leur autonomie financière en diversifiant leurs sources de revenus.

Combler les lacunes en matière de services et agir pour le changement

uzbekistan, CSO, GBV
ACTED
ACTED staff in Uzbekistan meet with women's CSOs to ckick off GBV programming.

Les organisations de femmes de la société civile comme le Centre Oydin Nur sauvent des vies et reconstruisent des familles déchirées par la violence. Toutefois, la viabilité de ces services de soutien essentiels est menacée en raison du manque de sources régulières de financement. De plus, l’étendue et la portée des services offerts sont insuffisantes pour répondre aux besoins des victimes de violence liée au sexe à travers le pays. En pratique, cela signifie que pour les victimes de violence liée au sexe, l’accès aux services de soutien est limité et que les services existants sont sous-financés.

Pour combler le fossé entre les besoins des femmes ouzbèkes et ce que la société civile peut fournir actuellement, le projet d’ACTED ciblera également un total de 15 organisations de femmes de la société civile féminines pour accroître leur capacité institutionnelle et organisationnelle et leur viabilité financière. ACTED dispensera des formations à la gestion et à la collecte de fonds pour les organisations fournissant des services de soutien aux femmes. Grâce à ces formations, le personnel des organisations de femmes de la société civile améliorera sa performance managériale, élaborera un plan d’affaires durable et mobilisera les ressources disponibles localement ainsi que les subventions internationales.

En Ouzbékistan, des équipes s’emploient également à sensibiliser le public à la violence familiale par le biais de campagnes numériques. Avec le soutien de l’Union européenne, ACTED Ouzbékistan a produit une vidéo de sensibilisation aux violences à caractère sexiste et aux stéréotypes qui perpétuent les inégalités entre les sexes.

Ce projet a déjà un impact profond sur les victimes de violences à caractère sexiste et les organisations qui les soutiennent.