Le manque d’accès aux toilettes met en danger des millions de personnes parmi les plus pauvres du monde. Environ 2,4 milliards de personnes dans le monde n’ont pas de toilettes et 946 millions – environ un huitième de la population mondiale – pratiquent la défécation à l’air libre. Le manque d’assainissement et la pratique généralisée de la défécation à l’air libre augmentent considérablement la prévalence des maladies diarrhéiques, la deuxième cause de décès parmi les enfants, et génèrent des malformations.
En avril 2016, ACTED et neuf partenaires nationaux et internationaux ont commencé à travailler sur un projet soutenu par l’UNICEF pour mettre fin à la pratique de la défécation à l’air libre dans les districts de Kishim et Shahr-e-Buzorg dans la province du Badakhshan en Afghanistan.
Ce projet promeut le changement de comportement dans le but de généraliser l’usage de latrines, en incitant les communautés à construire des latrines de manière autonome, sans l’aide d’ONG ou du gouvernement. Dans les communautés où ACTED intervient, les voisins se sont immédiatement entraidés, en partageant les outils, les matériaux et en se répartissant les tâches. Pour élargir l’impact du projet, ACTED crée des groupes d’action pour la santé familiale, permettant aux femmes de la communauté de participer à des formations sur l’hygiène, la gestion des maladies infantiles et l’assainissement des maisons.
ACTED incite au changement de comportements en organisant des sessions de « prise de conscience », une méthode efficace qui « déclenche » le changement en provoquant le dégoût à la vue ou à l’odeur d’excréments humains, leur présence dans les lieux publics et la prise de conscience que les excréments des autres peuvent facilement se retrouver dans l’eau et la nourriture qu’ils consomment. La répugnance ressentie par les participants lors de ces sessions provoque l’impulsion nécessaire au changement, et donc à la construction de latrines. Pour cause, lorsque les équipes d’ACTED sont retournées dans un village où l’une de ces sessions a récemment été organisée, le nombre de latrines fonctionnelles avait quadruplé.
Le district de Kishim, une zone rurale du nord-est de la province du Badakhshan, est encore marqué par une grande pauvreté. Ameraa, une mère célibataire du village de Wakilhi Gandumqul, raconte aux équipes qu’elle est inquiète pour la santé de ses enfants. Depuis qu’elle a appris que le district de Kishim connaissait un des taux les plus élevés de défécation à l’air libre en Afghanistan, elle a pris des mesures après avoir assisté à une séance de sensibilisation :
Sans latrine, on peut attraper différentes maladies. J’ai donc décidé de construire une latrine, coûte que coûte. J’ai six enfants. S’ils tombent malade, je n’aurai pas assez d’argent pour les soigner. Avoir une latrine est une des meilleures solutions pour éviter les maladies.
Les communautés ont aujourd’hui conscience du lien entre les comportements et les impacts négatifs sur la santé. Les 169 communautés ciblées par le projet d’ACTED sont maintenant en bonne voie d’éliminer la pratique de la défécation à l’air libre. Pour des milliers de familles comme celle d’Ameera, cela signifie que le taux de mortalité infantile diminuera, et que la santé globale des communautés s’améliorera.
L’Afghanistan a introduit les approches communautaires pour l’assainissement (approches dites « CLTS ») en 2009. Depuis, 1600 communautés sont parvenues à éradiquer la défécation à l’air libre d’après les chiffres de l’UNICEF. Le Ministère de la réhabilitation et du développement rural, en collaboration avec le Ministère de la santé publique, prépare actuellement une stratégie d’élimination de la pratique de la défécation à l’air libre en Afghanistan d’ici 2025 **.