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Acted Somalie : renforcer les moyens de subsistance des familles vulnérables grâce à des systèmes d’épargne à Baidoa

La Somalie connaît sa pire sécheresse depuis quarante ans et affecte 7,8 millions de personnes. La faim et la perte des moyens de subsistance, ainsi que l'instabilité politique, poussent la population à fuir à la recherche d'une vie meilleure. Les gens migrent des campagnes vers les villes de Somalie, ce qui accroît la pression sur les maigres ressources qui y sont disponibles.

Alors que les effets du changement climatique continuent d’alimenter les besoins humanitaires, ACTED, avec le soutien d’USAID, travaille à renforcer la résilience des communautés touchées par la sécheresse.

L’insécurité, l’imprévisibilité des précipitations et la hausse des prix alimentaires, affectent les communautés. Des cas de décès dus à la faim ont été signalés, et plus d’un million de personnes ont dû fuir leur foyer.

La région de Bay a enregistré le plus grand nombre de nouveaux déplacés internes, arrivant dans divers camps. Ce mouvement ajoute une pression supplémentaire aux besoins de la population, qui souffre des conséquences de la sécheresse dans les districts les plus touchés : Baidoa et Burhakaba. Les conditions dans ces deux districts se détériorent depuis des mois, et la population reste extrêmement vulnérable à la famine (Analyse IPC de décembre 2022).

L’instabilité politique et les luttes contre les milices armées dans le centre-sud de la Somalie exacerbent également la situation. Ces combats imprévisibles rendent difficile l’accès de l’aide humanitaire à ceux qui en ont le plus besoin, à l’intérieur de la campagne. Les populations des régions de Bakool et de Lower Shabelle se réfugient à Baidoa, la ville qui accueille la deuxième plus grande population déplacée de Somalie, dans l’espoir de trouver des opportunités d’emploi et d’accéder à l’aide humanitaire.

Réinsertion des personnes déplacées et des communautés d'accueil à Baidoa

Grâce au soutien du Bureau d’aide humanitaire de l’USAID (USAID/BHA), ACTED, en partenariat avec World Vision, a permis à environ 5000 familles vulnérables de Baidoa de répondre à leurs besoins vitaux.

Pour s’assurer que l’aide atteigne le groupe ciblé, une évaluation de la vulnérabilité a d’abord été menée pour identifier les personnes les plus nécessiteuses. La priorité a été donnée aux personnes handicapées, aux familles dirigées par des femmes et aux personnes âgées. Les bénéficiaires sélectionnés ont reçu une aide financière via des transferts monétaire à usages multiples (TMUM), une somme d’argent qu’ils peuvent utiliser pour subvenir aux besoins vitaux de leur famille.

Au-delà d’une réponse aux besoins immédiats, cette assistance est conçue pour aider les bénéficiaires à s’assurer des moyens de subsistance stables, ce qui constitue une étape vers l’auto-résilience. En effet, chaque personne soutenue a rejoint une association villageoise d’épargne et de crédit (AVEC), afin d’accroître l’accès et le contrôle de leurs ressources. Une association villageoise d’épargne et de crédit est un groupe d’épargne autogéré, dont les membres mettent en commun leurs économies pour créer une source de fonds d’emprunt – leur permettant d’accéder à des petits crédits et à des assurances d’urgence. Les AVEC visent à réduire le niveau de pauvreté des membres, à les responsabiliser et à réduire leur vulnérabilité face à la faim, en leur permettant d’acheter des produits de première nécessité pendant la sécheresse.

ACTED mène des formations en matière de finances pour les membres de ces associations, qui reçoivent ensuite des caisses verrouillables, des livrets, des tampons en caoutchouc, des calculatrices et des sacs en tissu pour faciliter la comptabilité, l’enregistrement et la conservation de l’argent collecté.

La création des groupes repose uniquement sur la bonne volonté de la communauté. Ils comptent généralement entre 15 et 20 membres par groupe et choisissent ensuite des dirigeants parmi eux. Les dirigeants comprennent un président, un secrétaire, des compteurs de monnaie et des détenteurs de boîtes. Les groupes suivent une constitution, qui décrit comment les opérations doivent être menées.

Les membres versent une contribution mensuelle à partir de l’aide monétaire qu’ils reçoivent, qui est enregistrée dans un livret et un registre de référence. Ils contribuent également à un fonds social qui sert de fonds de secours pour faire face à toute urgence médicale ou éducative, qui pourrait arriver à un membre.

Formation communautaire sur l'approche des associations villageoises d'épargne et de crédit à Baidoa

Baidoa compte 117 associations villageoises d’épargne et de crédit, avec un total de 2 642 membres. Après avoir épargné, les membres ont droit à des prêts, qu’ils doivent rembourser avant la période de partage du groupe. La plupart des groupes redistribuent l’argent au bout de 11 mois, chaque membre recevant sa part en fonction de son épargne sur cette période.

Ceux qui contractent des prêts les utilisent pour des activités génératrices de revenus, comme la gestion d’une entreprise, tandis que d’autres épargnent pour avoir assez d’argent pour acheter des parcelles de terre qu’ils pourront utiliser pour s’installer avec leur famille.

Yusuf* est un homme de 38 ans, père de quatre enfants. Il a fui le village de Gurbaan, de la ville de Diinsoor, où il était agriculteur.

En raison de la récurrence des sécheresses, il a perdu sa source de revenus et s’est installé dans le camp de personnes déplacés internes de Dust. Yusuf a utilisé les fonds reçus via l’aide monétaire pour ouvrir un petit kiosque où il vend des articles comme du lait, du sucre et des feuilles de thé.

Ses affaires marchent bien. Yusuf a pu générer des revenus, qu’il utilise désormais pour acheter des biens essentiels pour sa famille, payer les frais de scolarité de ses enfants et couvrir les factures médicales.

Yusuf dans sa boutique dans le camp de déplacés de Dust, à Baidoa
L'un des sites du camp de déplacés de Dust, à Baidoa, où se trouve la boutique de Yusuf

Ce projet financé par USAID, mis en œuvre par ACTED et World Vision Somalia, fournit une assistance par le biais de transferts monétaires – TMUM aux personnes vulnérables et leur donne une chance de se reconstruire.

La sécheresse a affecté des milliers de moyens de subsistance en Somalie. L’histoire de Yusuf n’est qu’un exemple de la manière dont ACTED et ses partenaires atténuent les conséquences de la sécheresse. Fournir une aide vitale et des solutions durables aux familles déplacées reste la priorité.

 

 

*Le nom du bénéficiaire a été modifié pour des raisons de protection.