En 2021, 4.6 millions de personnes sont affectées par l’insécurité alimentaire au Lac Tchad. A travers son projet de sécurité alimentaire financé par le Programme Alimentaire Mondial (PAM), ACTED fournit une aide en vivres et en cash auprès des personnes déplacées de la province du Lac.
Quelles sont les causes de l’insécurité alimentaire dans la région du Lac Thad ?
L’insécurité alimentaire est un problème de longue date au Tchad. La grande partie du territoire aride ou semi-aride rend la production agricole particulièrement difficile. Depuis les années 1960, la désertification du Lac Tchad, accélérée par le réchauffement climatique n’a fait qu’accroitre cette insécurité alimentaire. Aux dérèglements climatiques s’ajoutent les incidents sécuritaires croissants dans la province du Lac depuis 2015.
Des groupes armés non étatiques font des incursions et des attaques régulières dans cette zone frontalière avec le Niger et le Nigeria, entrainant des mouvements de populations. Ces déplacés internes fuient leurs foyers, leurs champs, pour venir se réfugier dans des sites de déplacés ailleurs dans la province. Les dérèglements climatiques au Tchad sont également responsables de la recrudescence des conflits agro-pastoraux liés à la compétition pour l’accès à l’eau et aux terres de pâture. Ces conflits fragilisent la résilience des communautés visées par les attaques de groupes armés.
Intervenir auprès des populations vulnérables
En collaboration avec le PAM, ACTED distribue du cash et des vivres à plus de 58 000 personnes déplacées vivant dans les départements du Fouli et de Mamdi dans la province du Lac. Ce projet d’un an est mis en place depuis février 2021 et couvre les besoins de 48 sites de déplacés.
Il permet aux personnes ayant perdu leurs moyens de subsistance après avoir fui l’insécurité de se nourrir. Dans la province du Lac plus de 406 000 personnes ont fui l’insécurité pour s’installer dans des sites de fortune. Leurs besoins en assistance alimentaire sont particulièrement sévères.
Pendant que nous étions en train de fuir nos maisons plusieurs d’entre nous ont trouvé la mort sur le chemin dû à la faim insupportable.
Personne soutenue par ACTED lors du projet
En quittant tout derrière eux, ces personnes se retrouvent dans une situation de vulnérabilité alimentaire critique et perdent l’accès aux activités agricoles et aux terres de pâturage. Sans revenus ces personnes sont entièrement dépendantes des réseaux de solidarités des sites et villages hôtes et des interventions des acteurs humanitaires.
Des modes d’intervention adaptés aux marchés locaux
Les zones très isolées, tel que le département du Fouli, sont appuyées en vivres pour assurer un accès physique à la nourriture. Ces distributions incluent notamment du sorgho, des légumineuses, de l’huile et du sel. En effet, les marchés de ces zones ne sont pour la plupart pas suffisamment approvisionnés pour répondre aux besoins des déplacés. En raison des changements climatiques, la production agricole au Tchad a souffert.
Sur la période 2016 – 2021, la province du Lac Tchad a accusé une baisse de production agricole de -4,5%. En plus d’affecter la quantité de denrées disponibles, cette baisse de production est directement responsable d’une baisse de pouvoir d’achat pour les communautés agricoles. Dans le département du Mamdi où les ressources alimentaires sont plus accessibles, le PAM avec ACTED a ainsi fait le choix de l’appui en cash permettant aux bénéficiaires de choisir leurs achats de manière autonome.
Prendre en compte les besoins spécifiques des enfants
ACTED fournit des intrants nutritionnels sous forme de bouillie composée de maïs, soja, lait en poudre, sucre, huile végétale, vitamines et minéraux.
48% des personnes déplacées dans la province du Lac sont des enfants.
Ces intrants sont destinés aux enfants de moins de 2 ans et permettent de prévenir les risques de malnutrition infantile. Durant les distributions, ACTED organise également le dépistage des enfants pour détecter ceux qui sont en situation de malnutrition aiguë.
Ce dépistage permet d’identifier les enfants malnutris et de les référer à des centres de santé spécialisés pour traitement. Chaque mois, environ 2150 enfants sont ainsi dépistés.
Au Tchad comme dans le reste du Sahel, l’insécurité alimentaire est un problème complexe. Parmi les facteurs de vulnérabilité, le réchauffement climatique et les conflits sont deux des premiers responsables de la situation critique des communautés. La réponse humanitaire d’urgence est donc nécessaire pour répondre aux besoins des personnes vulnérables. La récurrence de ces risques il est important de compléter ces interventions par des initiatives qui agissent sur les causes de cette insécurité alimentaire. Les initiatives de régénération des sols et de gestion communautaire des ressources permettraient ainsi de lutter contre l’impact des événements climatiques et de renforcer la résilience des communautés.