La stratégie d’ACTED vise à répondre aux vulnérabilités structurelles des communautés affectées par les catastrophes naturelles et le changement climatique, en construisant leur résilience sur le long terme. Pour y parvenir, ACTED soutient l’acquisition de trois types de capacités stratégiques, au niveau individuel, communautaire et systémique : la capacité à absorber les chocs et les tensions grâce à des mécanismes d’adaptation positifs, la capacité à adapter les comportements et les pratiques en tirant les leçons des expériences passées pour atténuer les impacts des catastrophes futures, et la capacité à transformer les vulnérabilités structurelles pour élaborer des systèmes différents et résilients.
Qu’entend-on par résilience ?
La résilience fait référence à la capacité d’un individu, d’un foyer, d’une population ou d’un système à absorber les chocs, s’y adapter et les transformer sans compromettre les perspectives d’avenir, ou en les améliorant.
- La capacité d’absorption fait référence aux stratégies d’adaptation mises en œuvre pour atténuer ou amortir les impacts des chocs sur les sources de revenu et les besoins fondamentaux ;
- La capacité d’adaptation est l’aptitude à apprendre des expériences passées et à s’adapter aux mutations extérieures, tout en continuant à fonctionner ;
- La capacité de transformation est la capacité à créer un nouveau système en cas de structuration écologique, économique ou sociale préexistante intenable.
Ainsi, le concept de résilience ne s’intéresse pas uniquement aux impacts des catastrophes, mais aussi à ce qui rend les communautés vulnérables à des chocs et tensions multiples. La résilience suppose une analyse approfondie des capacités des communautés à rebondir après une catastrophe, un conflit ou un choc, afin d’apporter une solution aux vulnérabilités intrinsèques et permettre à ces communautés de rebondir et d’atténuer les risques à l’avenir.
Réduire durablement la vulnérabilité
Dans les processus de gestion des risques de catastrophe, la résilience constitue le lien même entre aide humanitaire d’urgence, relèvement précoce et développement à long terme. Les efforts de renforcement de la résilience d’ACTED visent ainsi à contribuer à :
- réduire durablement la vulnérabilité en augmentant la capacité d’absorption, d’adaptation et de transformation des populations locales, gouvernements et autres acteurs ;
- améliorer la capacité à identifier, gérer et réduire les risques ;
- améliorer les conditions économiques et sociales des populations vulnérables.
Nous nous efforçons autant que possible de créer des conditions propices au développement dès la conception de nos programmes humanitaires, notamment en impliquant les communautés bénéficiaires tout au long du cycle de projet et en renforçant leur résilience, afin d’assurer la pérennité de nos interventions et de réduire le cycle de dépendance à l’aide humanitaire.
Renforcer la résilience
Après avoir répondu aux besoins urgents suite à une catastrophe, et une fois la crise initiale terminée, les populations restent encore en situation de grande vulnérabilité. Ainsi, les activités de réhabilitation et de relèvement sont essentielles au recouvrement des services de base et pour permettre un retour à la normale. L’approche d’ACTED est de reconstruire mieux, de manière plus sûre et plus équitable (« Build Back Better, Safer and Fairer »), en partant du principe que réhabilitation et relèvement permettent de faire face aux causes profondes de la vulnérabilité et aux risques futurs, tout en posant les bases de la résilience aux crises futures et du développement durable.
L’implication des communautés est au cœur même de la stratégie de résilience d’ACTED. La relation avec les communautés, noyau de la résilience, constitue une « passerelle » vers le développement qui permet de mettre en place toute une série d’activités complémentaires. ACTED cherche notamment à faciliter le dialogue entre communautés voisines. Ce dialogue est initié et conduit par les communautés, et commence généralement par le partage de connaissances sur quatre thématiques stratégiques : les écosystèmes, les moyens de subsistance, les marchés et la gouvernance locale.
Enfin, ACTED encourage davantage d’interactions entre les communautés mises en relation, ce qui implique une planification conjointe et intégrée entre les communautés quant à la gestion des ressources naturelles et des failles systémiques ou relatives aux marchés, avec pour objectif d’améliorer durablement la cohésion sociale.
L’un des principaux enseignements tirés de l’expérience d’ACTED en termes de programmes de résilience est l’importance d’impliquer des personnes engagées à soutenir leur communauté pour les aider à devenir autosuffisantes. Un facteur déterminant de réussite de ce type de programmes est l’identification de facilitateurs communautaires motivés et engagés pour atteindre les objectifs du programme, et pour garantir le maintien de systèmes résilients sur le long terme, tout en évitant le risque d’appropriation par les élites.
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Comment renforcer la résilience transfrontalière ? L’exemple de l’Ouganda et du Kenya
Le peuple Pokot, communauté pastorale et agropastorale du Kenya, compte parmi les communautés les plus vulnérables du pays. La région est régulièrement touchée par des inondations et des sécheresses, et les services de base y sont particulièrement faibles du fait de son enclavement, qui en exacerbe la vulnérabilité. L’accès aux pâturages et à l’eau est de plus en plus limité du fait des impacts toujours plus forts du changement climatique, entraînant de mauvaises récoltes et de mauvais rendements du bétail, et mettant à mal les revenus et la sécurité alimentaire.
Le peuple Karamojong, de l’autre côté de la frontière, dans l’est de l’Ouganda, est confronté à des conditions et des enjeux similaires. Ces deux groupes partagent souvent la même langue, les ressources naturelles, les marchés, et ont des approches similaires pour générer des revenus. Depuis 2007, ACTED travaille à réduire les vulnérabilités communes à ces deux peuples avec une approche transfrontalière globale, tirant parti de sa présence de longue date des deux côtés de la frontière. ACTED a travaillé avec les autorités locales pour établir des accords transfrontaliers sur la santé animale, ainsi que pour renforcer la cohésion sociale au niveau communautaire grâce au modèle de résilience Field School Plus (FS+).
Ce modèle permet de soutenir les populations pastorales et agro-pastorales grâce à la mise en pratique de techniques agricoles sur des parcelles de démonstration et en partageant les expériences. ACTED facilite les liens et les échanges intercommunautaires et transfrontaliers, pour permettre aux communautés des deux côtés de la frontière, qui ont souvent été en conflit pour accéder aux ressources, de partager leurs expériences sur des sujets tels que l’accès aux marchés, la gestion des pâturages et la production agricole. Ces échanges ont permis de mettre en lumière les accords intercommunautaires existants, et leurs bénéfices des deux côtés. ACTED encourage entre autres une gestion participative des pâturages, qui vise à développer des méthodes communautaires de gestion de l’accès aux ressources.
ACTED aide les communautés à cartographier les ressources disponibles. Puis, ces communautés négocient les conditions d’utilisation de ces ressources, et ACTED les aide à renforcer leurs compétences pour faire respecter les accords. Cette méthode se fonde sur des mécanismes traditionnels et vise à soutenir les communautés pour qu’elles développent et gèrent leurs propres ressources, tout en renforçant la cohésion.