Aujourd’hui est la Journée Internationale des Droits des Femmes, un jour dédié à la promotion des droits des femmes et de l’égalité des genres. L’occasion pour ACTED de mettre en lumière ses actions visant à lutter contre les violences basées sur le genre en Asie centrale.
Le Kirghizstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan connaissent une forte prédominance du taux de violences intrafamiliales et de violences basées sur le genre. Dans le cadre d’un projet de trois ans, financé par l’Agence Française du Développement (AFD) et la Direction du Développement et de la coopération Suisse (DDC), ACTED travaille avec la société civile locale afin de promouvoir la protection et l’autonomisation des femmes menacées ou survivantes de violences intrafamiliales.
L’expérience de la violence pour les femmes et les filles est souvent bien différente de celle des garçons et les hommes, dans la mesure où la violence qui est exercée contre elles, peut être simplement motivée par leur genre. Une femme sur trois dans le monde est victime de violences physiques et/ou sexuelles au cours de sa vie. Ces violences sont, le plus souvent, commises par un proche.
La violence intrafamiliale est l’une des nombreuses formes de violence envers les femmes. Elle se manifeste le plus souvent comme un modèle de comportement abusif et habituel à l’égard d’un proche, dans le cadre d’une relation amoureuse ou familiale. L’agresseur exerce un pouvoir et un contrôle sur la victime. Les abus peuvent être des actes ou menaces physiques, sexuelles, émotionnelles, économiques, ou psychologiques sur une autre personne. Les enfants, et en particulier les filles, sont aussi victimes de violences intrafamiliales.
En Asie centrale, les filles et les femmes sont hautement vulnérables face aux abus du fait des pratiques sociétales, économiques et traditionnelles, ainsi que des valeurs patriarcales et des stéréotypes de genre. Environ 50% des hommes et 30% des femmes de la région considèrent qu’il est acceptable qu’un mari batte sa femme. Le manque de sensibilisation et de prévention sur les stéréotypes de genre et les violences intrafamiliales et continuent aussi de nourrir le phénomène.
Les survivantes de violences ressentent une forte pression de la part de la société pour que la famille reste unie, à tout prix, conduisant à l’impunité des auteurs d’actes de violence. La stigmatisation, la dépendance économique et la crainte de représailles de la part des agresseurs sont autant d’obstacles à la recherche d’aide. Cette situation est exacerbée dans les milieux ruraux et isolés, où les femmes méconnaissent souvent leurs droits, compromettant le dépôt de plainte et la recherche de refuge. Ignorant l’existence de centres d’accueil ou autres services, ou alors confrontées aux faibles capacités des centres manquant de moyens et de portée géographique, il leur est difficile d’accéder à des solutions d’urgence. Il leur est souvent difficile d’accéder aux centres de crise, d’accueil et aux services fournis par les organisations de la société civile (OSC), car beaucoup ignorent l’existence de tels espaces. Ces acteurs de première ligne, quant à eux, sont soumis à des contraintes de capacité, de ressource et de portée géographique, compliquant d’autant plus l’accès à ces services d’urgence.
Bien que le cadre juridique protégeant les victimes de violences intrafamiliales se soit amélioré dans les trois pays ces dernières années, des lacunes importantes demeurent dans sa mise en œuvre. L’autonomisation économique des survivantes a été fortement négligée et, en l’absence d’alternatives, ces femmes n’ont souvent d’autre choix que de retourner chez elles, retombant ainsi dans le cycle de la violence.
Le consortium d’ACTED et onze OSC locales et nationales, toutes dirigées par des femmes, vise à répondre à ce besoin de protection face aux violences basées sur le genre. Cet effort régional et multi-sectoriel s’attaque aux causes profondes de la violence intrafamiliale au Kirghizstan, au Tadjikistan et en Ouzbékistan.
En Asie centrale, la loi est souvent uniquement de nature préventive et n’aborde pas les questions d’identification et de réponse aux violences intrafamiliales. Les conflits liés au genre sont souvent limités à la sphère familiale et ne doivent pas quitter l’enceinte de la maison. Il y encore deux ans, les droits des femmes et la violence intrafamiliale étaient des sujets tabous en Ouzbékistan, ce qui invisibilisait le phénomène et entravait les efforts visant à protéger les femmes survivantes ou exposées à la violence.
A travers ce projet, ACTED renforce les capacités des organisations de la société civile qui promeuvent et défendent l’amélioration de la législation afin de garantir la protection des femmes victimes de violences intrafamiliales. Cette action a déjà porté ses fruits. En Ouzbékistan, ACTED et ses partenaires ont contribué au développement de deux lois : l’une sur l’égalité des chances entre les femmes et les hommes, l’autre sur la protection des femmes contre le harcèlement et la violence.
ACTED forme les OSC, leur fournit des outils et méthodes de plaidoyer pour l’application effective des cadres légaux. Cela passe par le suivi et le signalement des violations des droits des femmes, ou encore par la responsabilisation des acteurs du système juridique.
Au Kirghizstan, Tadjikistan et Ouzbékistan, il n’y a pas suffisamment de centres d’urgence et d’accueil pour prendre en charge les filles et femmes menacées ou survivantes de violences. ACTED et ses partenaires locaux soutiennent ces structures de première ligne afin de renforcer leurs capacités et leur accès aux ressources, pour mieux répondre aux besoins des femmes affectées.
Ces structures sont formées et soutenues afin de développer des services plus adaptés aux besoins des femmes survivantes. Ces nouveaux services comprennent notamment une assistance juridique gratuite, des services de santé, un soutien psychologique et des programmes de réintégration économique.
La mise en place de ces programmes de réintégration économique est un élément clé de cette approche. En effet, l’un des principaux facteurs qui empêche les femmes menacées et les survivantes de violences intrafamiliales à chercher de l’aide est leur dépendance économique vis-vis de leurs maris. Inquiètes quant à leur capacité à subvenir aux besoins de leurs enfants en cas de divorce, elles se résignent à cette situation. Grâce au programme de réintégration mené par les organisations de la société civile, ces femmes ont accès à une formation sur des compétences pratiques de la vie quotidienne, sur des aptitudes techniques et professionnelles. Elles ont aussi la possibilité de bénéficier d’un soutien à la création d’entreprises. L’objectif de ces programmes est de renforcer l’indépendance économique des femmes et de contribuer à leur réintégration sociale.
ACTED et ses partenaires soutiennent également la création d’entreprises pour ces femmes qui cherchent l’autonomie financière. Par exemple, au Tadjikistan, 40 projets de création d’entreprise recevront un soutien financier.
Enfin, afin d’assurer la durabilité de leurs actions, ces acteurs de première ligne doivent accroitre leur capacité et indépendance financière. ACTED et ses partenaires les forment à la collecte de fonds et les mettent en relation avec de potentiels donateurs. Les activités d’entrepreneuriat social sont aussi un moyen de diversifier leurs revenus.
Malgré les efforts des acteurs locaux et nationaux, les stéréotypes de genre restent fortement ancrés dans les trois pays. ACTED et ses partenaires locaux soutiennent les efforts de sensibilisation aux violence intrafamiliales et de promotion de normes et d’attitudes sociales égalitaires. Cela comprend des discussions au sein de la communauté, la sensibilisation des filles et femmes quant à leurs droits et des campagnes médiatiques.
Reconnaissant que le sexisme et les violences liées au genre sont systémiques et ancrés dans tous les aspects de la société, ACTED et ses partenaires ont lancé une campagne de sensibilisation pour lutter contre les stéréotypes de genre dans les médias.
Les journalistes sont les premiers à transmettre l’information, et la manière dont ils le font impacte la société.
Bien que nous écrivions sur les problèmes de genre depuis plusieurs années, cette formation nous a fait prendre conscience de certains problèmes et nous a appris à mieux traiter ces sujets dans nos articles.
Les membres du consortium ont formé des journalistes sur des sujets tels que les stéréotypes de genre dans les médias, la documentation de la violence basée sur le genre, le témoignage de survivantes de violences, ainsi que l’écriture sur des questions sensibles liés au genre.
Au total en Ouzbékistan et au Kirghizstan, 80 journalistes et bloggeurs ont été formés à un journalisme sensible au genre et à la violence intrafamiliale.
Dorénavant, je serai plus attentive à la façon dont j’aborde ces thèmes dans mes articles et publications.
L’action d’ACTED vise à générer un changement durable en s’attaquant aux causes profondes de la violence intrafamiliale. Elle s’appuie sur trois piliers : renforcer la capacité de plaidoyer des organisations de la société civile en faveur de changements législatifs en matière de violence intrafamiliale ; améliorer les services de soutien de première ligne pour les femmes et filles victimes de violences ; sensibiliser la société afin de combattre les stéréotypes de genre et promouvoir l’égalité.
Grâce à ce projet financé par l’AFD et la DDC, ACTED et ses onze partenaires locaux et nationaux mutualisent leurs compétences et créent des dialogues afin d’assurer une meilleure protection des femmes et, plus globalement, de promouvoir les droits des femmes dans la région.