Les femmes réfugiées qui sont mères célibataires ou chefs de famille ont des difficultés pour subvenir aux besoins de leur famille dans le camp de réfugiés de Za’atari. En partenariat avec UNICEF, ACTED a développé des opportunités d’emploi pour les femmes pour leur permettre d’améliorer leur revenu. Initialement contesté par la communauté, le programme est aujourd’hui un succès.
Vêtues de gilets oranges fluorescents, des réfugiées syriennes arpentent les rues d’un des nombreux quartiers, ou « blocs », du camp de réfugiés de Za’atari, le plus grand camp de réfugiés de Jordanie. Armées de gants et de grands sacs, elles sillonnent les rues et ramassent sacs plastique et autres déchets jonchant les rues. Ces femmes fournissent un service important de collecte de déchets aux près de 80 000 réfugiés vivant dans le camp, dans le cadre d’un programme d’ « argent contre travail ».
En échange de la propreté du camp, les femmes gagnent un supplément de, ou 28 dollars américains, par semaine pour compléter leur salaire mensuel de 20 dinars jordaniens payés par le Programme Alimentaire Mondial. Le camp, établit en 2012, approche maintenant son cinquième anniversaire, et de nombreux résidents y ont vu leur revenu diminuer en raison des faibles opportunités d’emploi et du cout élevé de la vie en Jordanie.
Je suis vraiment heureuse de cette opportunité de travail.
Femme célibataire et chef de famille, Islam a travaillé dans le cadre du programme « argent contre travail » d’ACTED depuis sa création fin 2015. Elle supervise maintenant une équipe de huit femmes, toutes mères célibataires ou chefs de famille, pour garantir la propreté du quartier dans lequel elles vivent. « Pour moi, un revenu supplémentaire est très important. Ma mère est malade et le complément que je reçois pour ce travail me permet de l’aider », explique-t-elle.
Pour Abdelhamid Naimi, chef de projet pour la gestion des déchets solides à Za’atari, le projet a été un énorme succès.
À l’origine, j’étais très sceptique par rapport à ce projet, car normalement nous n’imaginons pas les femmes faire ce genre de travail en Jordanie ou en Syrie.
Mais après des discussions communautaires et la mobilisation expliquant les possibilités d’emploi, le projet s’est rapidement étendu et représente maintenant la première source d’emploi de femmes dans le camp.
Cependant, le projet a connu certaines résistances.
Au début, c’était très étrange pour la communauté de voir des femmes faire ce travail, et nous avons fait face à certains problèmes. On dirait que le travail que nous faisons dans les rues est honteux.
Afin de changer la perception négative de la communauté sur les femmes travaillant dans les rues, ACTED a organisé de nombreuses réunions et discussions communautaires, soulignant que les femmes vulnérables ont besoin de revenus supplémentaires pour subvenir à leurs besoins.
Islam et son équipe affirment que le harcèlement a progressivement diminué au cours de l’année, mais que parfois elles reçoivent encore des commentaires dégradants de passants. Asimi comprend que la situation n’est pas parfaite, mais soutient que les conditions se sont améliorées avec le temps et qu’ACTED continuera à travailler pour changer évoluer la perception de la communauté. Une récente étude d’évaluation a révélé que près de 90% des femmes étaient satisfaites de leur travail. Comme l’a dit une des femmes membre de l’équipe d’Islam : « Ce travail est très difficile pour nous, mais c’est mieux que de mendier ».
Avec 90 femmes actuellement employées dans le cadre du programme, ACTED vise à atteindre la parité entre les sexes cette année.
Actuellement, 30 % de notre effectif sont des femmes, j’espère que nous atteindrons bientôt les 50 %.
Au cours des prochains mois, les équipes d’eau, hygiène et assainissement d’ACTED continueront à encourager les femmes à rejoindre les équipes de nettoyage, avec la mise en avant lors des discussions de groupes avec les membres de la communauté des possibilités et avantages de s’engager dans de tels programmes.