Armenia Acted

A la recherche d’un foyer en Arménie : l’histoire d’Alina, réfugiée du Haut-Karabakh

À la suite de l'opération militaire menée au Nagorno-Karabakh en septembre, jusqu'à 100 000 habitants de la région ont dû fuir vers l'Arménie en empruntant le corridor de Latchin, la seule route entre le Haut Karabakh et l'Arménie. Alina est l'une d'entre elles. Elle raconte son histoire.

Alina, 72 ans, a été la dernière personne à quitter son immeuble à Stepanakert, dans le Haut-Karabakh. Elle a décidé de fuir la ville où elle avait vécu toute sa vie après que des militaires soient apparus dans sa rue. N’emportant que les vêtements qu’elle avait sur elle, ainsi que quelques petites affaires, elle s’est rendue à pied jusqu’à la place publique où elle est restée, attendant toute la nuit un moyen de transport pour franchir la frontière. Puis, elle a trouvé une place dans un bus en direction de l’Arménie via le corridor de Lachin.

Alina est arrivée seule dans la petite ville de Sisian, au sud de l’Arménie, qui compte 11 000 habitants. C’était le 30 septembre, 11 jours seulement après l’opération militaire éclair sur le Nagorno-Karabakh, qui a forcé le déplacement de plus de 100 000 personnes de l’enclave. Grâce à ses liens avec la région, elle fait partie des chanceux qui ont réussi à trouver un abri et du réconfort auprès d’une famille d’accueil. Pourtant, lorsque l’équipe d’Acted l’a rencontrée au bâtiment municipal de Sisian à la fin du mois d’octobre, le stress et l’inquiétude se lisaient sur son visage. Sisian est une ville relativement pauvre – les gens n’ont pas grand-chose et il n’y a pas beaucoup d’opportunités d’emploi. Située à l’écart de la route principale E117 menant à Erevan, la ville n’accueille pas non plus beaucoup de touristes.

Alina, 72 ans, est arrivée à Sisian après que l'attaque militaire dans le Haut-Karabakh l'a forcée à fuir

Quitter son foyer pour trouver un refuge en Arménie

À Stepanakert, Alina disposait d’un appartement de quatre pièces et d’un garage. Elle a enseigné la physique et les mathématiques pendant plus de 40 ans et a été promue au rang de directrice adjointe. Son travail était sa vie, ses élèves étaient les enfants qu’elle n’avait jamais eus. Elle adore cuisiner et tricoter. Elle montre fièrement le pull chaud qu’elle porte – « Je l’ai fait« , dit-elle en souriant.

Elle décrit Stepanakert comme une ville belle et propre et ses habitants comme « volontaires, gentils et solidaires« . Elle ne veut pas rentrer, mais son pays lui manque. Avant de quitter le Nagorno-Karabakh, elle a essayé de se rendre au cimetière où sont enterrés les membres de sa famille et de prendre un peu de terre sur leurs tombes afin de maintenir le lien. Elle n’a pas pu. Les risques étaient trop élevés.

L'action d'Acted : du soutien pour les personnes réfugiées en Arménie

Avec le soutien du Centre de crise et de soutien (CDCS) du ministère français des affaires étrangères, Acted contribue à répondre aux besoins essentiels les plus pressants des réfugiés du Haut-Karabakh. En coopération avec un réseau de supermarchés indépendants, les les personnes comme Alina peuvent acheter de la nourriture, des produits d’hygiène et des articles ménagers sur les marchés locaux, ce qui leur permet de consacrer leurs économies, souvent maigres, à d’autres priorités telles que le logement et les médicaments. Alina témoigne de ses difficultés face aux prix des denrées alimentaires :

À Stepanakert, à la fin du blocus qui a duré neuf mois, nous achetions des pommes de terre à 3 000 drams arméniens le kilogramme [environ 7,3 euros]

Alina

Quand on lui demande ce qu’elle attend du futur, elle hésite « un endroit pour vivre », nous dit-elle, « c’est tout ce dont j’ai besoin ». 

Alina obtient l'aide d'Acted à Sisian