Tout est calme dans le camp de Za’atari. Le ronflement habituel des machines a cessé et les chantiers de construction qui envahissaient les quartiers ont disparu, tandis que sous terre, 979 fosses septiques reliées par quelque 98 000 mètres de tuyauterie aux toilettes et douches de quelque 6400 maisons du camp sont maintenant prêtes à fonctionner.
Le 7 mars 2017, ACTED a posé les derniers tuyaux reliant les maisons du district 10 de Za’atari, sous responsabilité de l’ONG, au système d’évacuation des eaux usées. Toutes les structures privées et les mosquées se trouvant dans les districts 1, 2, 9, 10, 11 et 12, sous responsabilité d’ACTED, ont également été reliées à ce réseau. En mai 2016, ACTED terminait les travaux pour relier les habitations et bâtiments de ses cinq autres districts d’intervention au réseau d’évacuation des eaux usées. Cette nouvelle étape est un pas de plus vers la réalisation de cet objectif.
Les travaux de réalisation du réseau d’évacuation des eaux usées ont été lancés en juin 2015 avec un petit projet pilote, avec pour objectif de trouver une solution à une crise sanitaire alors imminente. De plus en plus de réfugiés avaient installé des équipements privés dans leur logement, si bien que les eaux grises et noires avaient commencé à se déverser dans les rues et à former de vastes flaques d’eaux stagnantes. Dans une tentative de gérer cette situation, des résidents avaient creusé des fosses et des tranchées abusives pour assurer l’évacuation des eaux. Mais cette initiative n’avait pas permis d’éliminer les risques énormes pour la santé que constituent les eaux usées.
Avant, il y avait de l’eau grise et noire partout. Les gens ne savaient pas où et comment se débarrasser de leurs eaux usées.
Sayid vit dans le camp. Il explique que la question des eaux usées a augmenté les tensions entre voisins. « Des voisins se disputaient sur la question de savoir à quel endroit les canaux d’évacuation devaient être construits, ne voulant pas qu’ils passent à côté de leur maison à cause des mauvaises odeurs », dit Sayid.
Les flambées de maladies et les infestations d’insectes sont rapidement devenues problématiques. « Il y avait aussi beaucoup de rats, gros comme des moutons ! », explique Sayid en souriant. En outre, la mauvaise gestion des eaux usées générait des risques d’infiltrations des nappes phréatiques et donc de contamination des eaux souterraines, augmentant ainsi les risques de maladies d’origine hydrique.
Pour répondre au défi de l’évacuation des eaux usées à Za’atari, ACTED et l’UNICEF ont conçu un système d’assainissement qui relierait des groupes de sept à neuf maisons à des fosses septiques communes. Bien que simple a priori, ce plan s’est toutefois heurté à quelques difficultés lors de sa mise en œuvre.
Au début, le plus gros défi a été de convaincre les résidents
Marwan a aidé ACTED à mettre en œuvre le projet. « Ils n’étaient pas vraiment contents qu’on démarre des travaux et n’appréciaient pas vraiment la présence des machines », poursuit-il. Les résidents ont néanmoins pris rapidement conscience des bienfaits et des avantages de ce système d’évacuation des eaux usées, et s’y sont fait volontiers.
Il y avait également des problèmes logistiques, notamment dans certains sites d’intervention où, en raison de la surpopulation, les machines avaient du mal à accéder. « Nous avons donc utilisé des équipements plus petits », explique Marwan. « Les travaux ont pris plus de temps, mais ont pu être effectués sans risquer d’endommager des maisons ou de devoir les déplacer pour faire les interventions ». Certains résidents avaient choisi de déplacer leur maison, compliquant ainsi la tâche aux équipes lorsqu’il s’agissait de choisir les emplacements adéquats pour l’installation des fosses septiques et des tuyaux de raccordement.
Le système d’assainissement continuera d’être amélioré. Actuellement, toutes les maisons sont reliées à des fosses septiques. Tous les jours, des camions assurent la vidange de ces fosses. Afin d’accroître l’efficacité du système d’assainissement du camp, la prochaine étape, à partir de l’année prochaine, sera de relier toutes les fosses septiques à une conduite qui acheminera les eaux usées du camp vers une station de traitement. ACTED continuera pour ce faire à apporter son soutien technique à l’UNICEF.