Garantir l’autonomisation économique des femmes pour la reprise et le développement en Ukraine

Bien que la guerre en Ukraine reste une crise permanente nécessitant une aide humanitaire immédiate, il est essentiel de minimiser la dépendance à l’égard de l’aide et de renforcer les voies vers l’autosuffisance et le redressement. Des solutions durables pour les personnes déplacées à l’intérieur du pays et les communautés touchées par le conflit doivent contribuer à relancer les économies locales et nationales à long terme. Dans ce contexte, il est essentiel d’aider les femmes et les autres groupes vulnérables ou marginalisés à retrouver leurs moyens de subsistance. L’octroi de subventions pour augmenter les revenus, la subsistance ou la production alimentaire renforce directement la sécurité économique et la résistance aux chocs futurs. En outre, les dégâts considérables subis par les entreprises locales ont entraîné un taux de chômage élevé, tandis que la fermeture des écoles et des crèches a alourdi le fardeau des femmes, des parents célibataires et des personnes qui s’occupent des enfants. Les écarts de salaires entre les hommes et les femmes et les responsabilités liées à la garde des enfants se sont également creusés en raison de la guerre, poussant davantage de femmes à travailler dans le secteur informel et précaire. Par conséquent, parallèlement à l’aide humanitaire, des efforts ciblés visant à renforcer la participation économique des femmes et à lever les obstacles structurels sont essentiels pour favoriser la résilience des communautés et stimuler le redressement rapide de l’Ukraine.

Le premier objectif de SEED était de renforcer la sécurité économique des plus vulnérables, en améliorant l’accès au capital financier pour les femmes et les personnes les plus vulnérables et marginalisées (notamment les personnes âgées, les prépensionnés au chômage et les femmes rurales). Les habitants des zones rurales et des petites villes d’Ukraine étant souvent négligés par les réponses humanitaires au profit des grandes villes, le projet a comblé cette lacune en ciblant ces communautés, reconnaissant leur remarquable résilience et leur longue tradition d’autosuffisance par le biais du petit commerce, du jardinage, de l’artisanat et de la production à domicile, comme la mise en conserve et la préparation de marinades.

En distribuant des aides à l’auto-emploi d’un montant moyen de 53 000 UAH (1 752 dollars canadiens) à 1 064 ménages et en proposant des formations spécialisées en serriculture et en médecine vétérinaire à plus de 480 participants, SEED a renforcé les moyens de subsistance des groupes vulnérables, amélioré la sécurité alimentaire et injecté des capitaux vitaux dans les économies locales. SEED a également accordé des subventions aux petites entreprises d’un montant moyen de 395 300 UAH (13 000 dollars canadiens) à 62 entreprises, les aidant à se rééquiper, à maintenir leurs activités et à créer ou conserver des emplois, ce qui a permis de contrer les pertes d’emplois généralisées liées à la guerre. Reconnaissant que les subventions ne suffisent pas, SEED a complété le soutien financier par des conseils et des références sur mesure pour aider les plus vulnérables à construire des moyens de subsistance durables, à combler l’écart croissant entre les revenus et à réduire la dépendance à l’égard de l’aide.

Le deuxième objectif de SEED vise à améliorer l’accès des femmes à l’emploi et à la formation professionnelle, tout en fournissant aux demandeurs d’emploi et aux entrepreneurs les informations nécessaires pour prendre des décisions éclairées en matière d’entreprise et de carrière. Pour contribuer à une prospérité économique durable, il faut encourager la participation des femmes à des secteurs mieux rémunérés et à l’esprit d’entreprise, en comblant les écarts entre les hommes et les femmes en matière de professions et de salaires. Avant la guerre, seules 51 % des femmes étaient employées, avec un écart de rémunération persistant de 23 % entre les hommes et les femmes.

SEED a contribué à la réalisation de cet objectif en investissant dans les voies formelles et informelles de l’émancipation économique. Le projet a donné la priorité à des secteurs à fort potentiel tels que les technologies de l’information, qui offrent des possibilités flexibles et bien rémunérées permettant aux femmes de concilier leurs responsabilités familiales. Des subventions pour la formation ont permis à 508 participants de suivre des cours d’informatique. En outre, 52 boursiers et employés de petites entreprises ont suivi des cours de perfectionnement pour élargir leur production ou leur offre de services, et 67 femmes ont bénéficié de cours de recyclage.

Le chômage ayant fortement augmenté après février 2022, SEED a renforcé les centres pour l’emploi afin d’aider les demandeurs d’emploi à s’orienter sur un marché du travail en mutation, en se concentrant sur la capacité à long terme de servir les groupes marginalisés plutôt que d’offrir un placement direct. L’aide apportée a consisté à équiper 89 agences réparties dans six régions de stations de recherche d’emploi indépendantes, qui ont été utilisées par plus de 10 000 personnes, et à former 770 membres du personnel des centres d’emploi aux meilleures pratiques pour conseiller les demandeurs d’emploi.

Au-delà des voies d’emploi formelles, SEED a encouragé l’esprit d’entreprise en s’associant à 11 organisations féminines locales de la société civile (OSC) pour mettre en place des centres de conseil aux entreprises (BAC). Ces centres offrent des services de mentorat en personne et en ligne, des conseils juridiques et financiers, des conseils en marketing et en planification d’entreprise, ainsi que des ateliers de développement personnel. Les CCB ont aidé plus de 3 600 femmes et groupes marginalisés à prendre confiance en eux, à surmonter les défis de la guerre et à lancer ou développer des entreprises avec succès.  En associant les subventions à la formation, au mentorat et au soutien local, SEED a permis aux femmes et aux groupes vulnérables d’utiliser l’aide financière de manière efficace.

Le troisième objectif de SEED était de réduire les obstacles à la participation économique liés au sexe et à l’âge, en veillant à ce que les deux premiers objectifs restent viables pour les femmes et les filles en Ukraine. La politique d’aide internationale féministe du Canada souligne que la redistribution des responsabilités familiales et l’autonomisation des femmes et des filles profitent aux familles et à la croissance économique de leurs communautés et de leurs pays. À l’échelle mondiale, la part disproportionnée du travail domestique et des soins limite la participation économique des femmes. En Ukraine, ces défis se sont intensifiés depuis l’invasion à grande échelle, en raison des déplacements et des fermetures de jardins d’enfants et d’écoles dépourvus d’abris anti-bombes. Les stéréotypes persistants selon lesquels les femmes devraient rester à la maison tandis que les hommes travaillent limitent encore davantage les possibilités d’emploi des femmes. L’évaluation de la participation économique (EPA) de l’initiative IMPACT dans les régions de Chernivetska et Volynska a confirmé qu’un plus grand nombre de femmes citent aujourd’hui les soins et le travail ménager non rémunéré comme leur principal statut professionnel par rapport à la période précédant la guerre. Dans ce contexte, les crèches et autres services sociaux essentiels sont indispensables pour réduire ces obstacles.

Pour remédier à cette situation, SEED a accordé 23 subventions pour développer ou améliorer les services de garde d’enfants gratuits. La priorité a été donnée aux OSC et aux autorités locales qui pouvaient fournir des ressources supplémentaires, telles que des bâtiments municipaux ou du personnel qualifié, garantissant ainsi une forte appropriation locale et une viabilité à long terme. Ce soutien a permis aux garderies d’accroître leur capacité et la qualité des soins, au bénéfice des parents qui travaillent, en particulier les femmes, et des personnes qui s’occupent des personnes âgées et des personnes handicapées. Afin de réduire les obstacles et de modifier les normes, la campagne éducative « Reconstruire l’Ukraine » de SEED a touché plus de 10 800 élèves, promouvant des carrières dans des domaines traditionnellement dominés par les hommes, comme l’ingénierie, l’urbanisme et la conservation du patrimoine, afin de stimuler le redressement de l’Ukraine. En encourageant les filles à explorer ces professions très demandées, la campagne a favorisé un changement générationnel dans les attitudes à l’égard des possibilités de carrière des femmes. Enfin, SEED a renforcé les centres pour l’emploi et les OSC en formant le personnel aux préjugés liés au sexe et à l’âge, en améliorant le soutien aux demandeurs d’emploi et en traitant les risques liés à l’emploi, en particulier dans les situations de conflit.