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Crise alimentaire : agir d’urgence pour prévenir une nouvelle famine

6,2 millions de personnes sont en situation d'insécrité alimentaire en Somalie, soit plus de la moitié de la population.

En Somalie, l’absence répétée de précipitations dans une grande partie du pays, la chute des revenus, la hausse des prix des denrées alimentaires et la persistance des problèmes d’accès résultant du conflit et de l’insécurité sont autant de facteurs qui ont contribué à épuiser les stratégies d’adaptation des familles vulnérables. Le nombre de personnes confrontées à l’insécurité alimentaire (phases 3 [crise] et 4 [urgence] dans le système intégré de classification IPC) a augmenté de façon spectaculaire. D’ici à juin 2017, ce sont près de 3 millions de personnes qui sont susceptibles d’être touchées. Près de 945 000 enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë, dont plus de 185 000 de malnutrition aiguë sévère. Plus de la moitié de la population du pays a besoin d’une aide alimentaire, alors que des décès dus à la sécheresse ont déjà été constatés.

Les femmes et les filles portent le plus lourd fardeau dans cette crise : elles ont la responsabilité des enfants et d’aller chercher l’eau dans des endroits de plus en plus éloignés, et doivent faire des compromis pour permettre à leurs familles d’avoir de quoi se nourrir. Les enfants sont particulièrement vulnérables, non seulement en raison d’une alimentation insuffisante, mais aussi des violences physiques et sexuelles auxquelles ils sont exposés : les garçons sont menacés de recrutement par des acteurs armés non étatiques et les filles par le mariage précoce. Trois millions d’enfants en âge d’être à l’école ne sont pas scolarisés.

Les déplacements transfrontaliers sont en hausse, et l’impact humanitaire de la crise alimentaire en Somalie s’étend aux pays voisins. Près de 100 Somaliens arrivent chaque jour en Éthiopie, dont beaucoup d’enfants. Les taux de malnutrition parmi les déplacés sont alarmants. L’Éthiopie, également gravement touchée par la sécheresse, accueille déjà environ 244 000 réfugiés somaliens, de même que le Kenya. Au Kenya, les inquiétudes augmentent quant au grand nombre de Somaliens susceptibles de se diriger vers le camp de réfugiés de Dadaab, dans le comté de Garissa, malgré sa fermeture prévue. La région abrite plusieurs camps de réfugiés qui constituent ensemble le plus grand camp de réfugiés au monde.

En 2010-2011, la famine en Somalie a tué près de 260 000 personnes, des enfants pour la moitié. Le monde entier avait alors promis : « plus jamais ça ». Nous avons déjà manqué l’opportunité de mener une action anticipée pour répondre à la crise alimentaire : l’opportunité qui permettrait d’éviter une famine se dissipe de plus en plus rapidement. Si nous ne voulons pas que l’histoire se répète, nous ne pouvons plus attendre pour agir.

ACTED et ses partenaires font le maximum pour répondre aux besoins des personnes touchées, en apportant de l’eau par camion-citerne, avec des activités de sécurité alimentaire, et en facilitant la prise en charge et le traitement de la malnutrition aiguë et sévère. Cependant, la situation se dégrade rapidement, et les efforts mis en œuvre jusque-là par la communauté internationale demeurent plus qu’insuffisants face à une urgence d’une telle envergure. D’après les prévisions, les pluies d’avril-juin 2017 devraient encore être inférieures à la normale, répétant ainsi les événements de 2011, lorsque la famine a sévit dans la Corne de l’Afrique des suites de l’une des pires sécheresses des 60 dernières années. Cette année-là, entre avril et mai, les décès liés à la sécheresse avaient fortement augmenté.

Les sécheresses dans la Corne de l’Afrique sont des événements récurrents. Pour briser ce cycle, nous devons redoubler d’efforts afin de renforcer la résilience dans la région. Malgré les efforts et la mobilisation de la communauté internationale par le passé, l’intensité des récents chocs climatiques a généré une crise et une urgence d’une telle envergure qu’une réponse immédiate et globale de la communauté internationale est fondamentale, en soutien aux efforts menés à l’échelle nationale, pour prévenir la famine.

Le temps presse : nous devons agir maintenant et collectivement pour éviter que cette crise ne devienne une catastrophe.